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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
6 mars 2008

Les banlieues et leurs élus

 

                        Les banlieues et leurs élus

« Sarcelles est à 1h 45 minutes de Paris par le RER alors que le trajet se fait en 15 minutes en voitures ; c’est démotivant, non ? » lance le jeune homme, simplement. En effet, on oublie bien aisément que tous ceux que l’on assimile à des paresseux et que l’on qualifie de « glandeurs » sont au départ les innocentes victimes de projets nés des esprits dits supérieurs de la nation. On oublie aisément qu’on a crée dans les années 60 des « banlieues sans usine, sans fumée, sans bureau », des cités justement appelées dortoirs et dépourvues de tout et qui exigeaient que pour tout l’on prenne la direction de Paris. La création d’un espace de vie spécifique a donc indiscutablement généré un comportement spécifique adapté à ce milieu.

            Mais aujourd’hui, afin de mieux isoler les habitants de ces contrées périphériques de la capitale française, lesBanlieues_France prétendus penseurs et concepteurs de la République ont créé un lexique propre à stigmatiser leurs populations. On ne les désigne que par « population issue de l’immigration » ou de « jeunes mal intégrés ». Dès lors, ces populations apparaissent aux yeux du reste de la France comme des étrangers. Ainsi, les agriculteurs et autres corps de métiers qui mettent le feu aux bâtiments publics ou les plastiquent tout simplement n’écoeurent personne ; les voitures qui brûlent dans les banlieues si. Tout cela ne choque point les intellectuels français qui ne rêvent aujourd’hui que de plateaux de télévision ou de réceptions chez les fortunes de la nation. 

            

            Mais voici venue l’heure d’élections nouvelles et nous voyons apparaître ça et là des faces blafardes et non point basanées dans ces lieux que l’on dit impropres aux progrès. Une fois encore l’on vient leur chanter que l’on sait ce qu’il leur faut pour leur arracher leur suffrage. Bientôt ces rejetés auront leurs chefs qu’ils auront démocratiquement choisis mais qui leur auront été imposés d’une certaine façon puisqu’ils auront été désignés par des appareils politiques aristocratiques. Même si je me réjouis de la désignation d’Aminata Konaté comme candidate UMP à Montreuil face à Dominique Voynet (Gauche dissidente) et au candidat désigné de la Gauche, je mesure le chemin qui reste à parcourir par les minorités pour entrer dans les cœurs de leurs compatriotes blancs comme leurs égaux.

      

            Aussi, je ferme les yeux et je rêve à ce jour où ces Français de deuxième catégorie se décideront à se gouverner eux-mêmes sans compter sur les appareils politiques qui les ignorent et dans lesquels ils sont d’ailleurs absents.

 

Photo : Drancy (région parisienne). Je vous laisse apprécier la subtile séparation entre zone pavillonnaire et zone à loyers modérés. 

 

Cet état de chose m’a inspiré cette réflexion il y a quelques années

Il nous plaît de blâmer ces hommes politiques qui jamais n’ont connu la pauvreté ni la misère mais qui s’érigent en défenseurs du pauvre et du miséreux en repassant, la nuit venue, les grandes théories salvatrices du genre humain apprises dans les grandes écoles qui font la fierté de la République. Drapés dans leur suffisance et certitudes, ils nous promettent le bonheur et clament à qui veut les entendre que leur intelligence attestée par leurs diplômes enluminés les en approche. 

            Et pourtant chaque jour, nous constatons que leur manque d’humanité les éloigne de nous et nous rend leur voix étrangère. Heureusement, pour cette classe d’hommes, à l’heure du choix de ceux qui doivent nous gouverner, leur enluminure nous éblouit et nous arrache notre suffrage. Ne me demandez pas par quel miracle ou imbécillité nous les choisissons pour les blâmer plus tard.

 

Raphaël ADJOBI                

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