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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
25 août 2012

Ouattara "a perdu le volant" de la Côte d'Ivoire, ou Quand le peuple découvre les porteurs du trône du préfet

Dramane Ouattara "a perdu le volant" de la Côte d'Ivoire

    ou Quand le peuple découvre les porteurs du trône du préfet

Dramane A           Lire l'article ici

                    ou sur 

Le blog politique de Raphaël

 

 

 

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20 août 2012

Catfish, une histoire de combats, de liberté et de courage (de Maurice Pommier)

                                                 Catfish

        Une histoire de combats, de liberté et de courage

                                     (de Maurice Pommier)

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                       Voici un livre qui ravira les collégiens ! Un livre qui séduit d'abord par sa présentation : cartonné, large (format bande dessinée) et plein de belles illustrations - souvent pleine page - accompagnant le texte écrit en caractères suffisamment gras pour ne pas obliger le lecteur à écarquiller les yeux. Le récit est l'histoire d'un petit garçon qu'un vieil esclave d'Amérique du Nord a, un jour, trouvé dans la porcherie dont il a la charge.

            Le vieux George, qui comptait finir sa vie d'esclave sans plus d'histoire, est donc obligé de s'occuper de l'éducation d'un petit inconnu qui ne parle même pas. Selon la volonté de son maître blanc, l'enfant sera baptisé ; il s'appellera Scipio et apprendra toutes les corvées de la plantation pour être un bon esclave. Très vite, l'enfant et le vieil homme deviennent inséparables. Et quand Scipio retrouve l'usage de la parole, c'est avec fascination que le vieux George écoute les mésaventures qui l'ont conduit des Antilles à la porcherie de son maître. A son tour, sous l'insistance de l'enfant, le vieil homme lui raconte les conditions de sa capture en Afrique puis le voyage jusqu'aux côtes du Nouveau Monde. Deux récits qui plongent le lecteur non seulement dans les conditions de la traite mais aussi celles du travail épuisant et parfois dangereux des esclaves noirs.

            Cependant à cette époque, on ne passait pas son temps à se raconter des histoires. Le travail n'attendait jamais ! Comme Scipio est très habile de ses mains, il sera placé chez le tonnelier Jonas, un ancien esclave blanc, que la misère a entraîné en Amérique avec ses parents alors qu'il était enfant. Scipio - appelé Catfish par un vieil apprenti noir (vous saurez pourquoi en lisant le livre) - va donc grandir en apprenant à fabriquer des tonneaux et des barriques pour l'exportation du tabac vers l'Europe. Un vrai métier, un métier de blanc, selon le vieux George. 

            Malheureusement, un jour, Jonas, l'ancien esclave blanc, est obligé de quitter précipitamment son employeur. Il emmène Catfish avec lui. Ensemble, ils vont çà et là proposer aux planteurs leurs services. Mais c'est alors qu'éclate la guerre entre les colons et le roi de leur pays d'origine, l'Angleterre.

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            Ce livre allie excellemment l'histoire et l'aventure. Au-delà de la traite négrière et de l'esclavage avec les atrocités et les souffrances qui en découlent, c'est l'histoire de la naissance des Etats-Unis d'Amérique que les jeunes lecteurs découvriront ici. Ils apprendront comment des européens devenaient esclaves en Amérique, comment les esclaves blancs et noirs obtenaient leur liberté, comment était la vie dans les campagnes au moment de la guerre d'indépendance des Etats-Unis. Un livre très instructif mais écrit comme un roman d'aventure et non pas comme un livre d'histoire. C'est exactement ce qui le rend passionnant et fera sûrement son succès auprès des enfants dès la première année de collège. 

Raphaël ADJOBI

Titre : Catfish, une histoire de combats,                                                                                                  

            de liberté et de courage, 84 pages

Auteur : Maurice Pommier

Editeur : Gallimard Jeunesse, 2011 (20 euros)

18 août 2012

Un été en Espagne ou les beautés du nord de la Catalogne

                                          Un été en Espagne

                        ou les beautés du nord de la Catalogne

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Les vacances ne sont pas toujours faites pour se reposer. Je dirais même rarement. Mais la fatigue qu'elles engendrent doit être prise pour de la "bonne fatigue" ; c'est-à-dire une fatigue forcément associée aux plaisirs. Je voudrais ici partager avec vous les plaisirs de mes récentes vacances et les observations que j'ai faites durant les différentes visites. Mon reportage s'organise en deux parties, parce que mes escales ont autant retenu mon attention que ma destination finale. 

          A - Sur la route de l'Espagne, les petits coins de France

            Puy-en-Vellay : Partis de Dijon le 13 juillet au matin, nous avions prévu une escale de deux nuits à Marvejols. Comme notre arrivée était arrêtée pour 19 h et que nous avions du temps à perdre, nous nous sommes arrêtés à Puy-en-Vellay. Une belle cité aux constructions en pierres d'un gris-clair magnifique ! L'église, construite au sommet d'une montagne aux pentes extrêmement raides mérite le détour. Quant au centre-ville, il retient l'attention par les couleurs différentes qui délimitent chacune des maisons des immeubles anciens. Une ville belle et très agréable mais où les automobilistes ne sont guère sympathiques. 

            Marvejols, Les Gorges du Tarn et Sainte-Enimie : Après la première nuit à Marvejols, le lendemain après-midi, nos amis nous ont emmenés visiter Les Gorges du Tarn. Combien de fois j'ai entendu vanter la beauté de ces lieux ? Eh bien, cette renommée n'est absolument pas usurpée ! Des vallées profondes et vertigineuses devant lesquelles l'être humain se sent petit, presqu'insignifiant ! Il faut presque regarder son voisin pour avoir conscience d'exister. On ne peut s'empêcher de penser à ceux qui vivaient ça et là, dans ces vallées, loin de tout, sans les moyens modernes de communication. Il fallait assurément plusieurs jours de marche pour aller d'un village à l'autre. L'autarcie était, de toute évidence, le mode de vie qui s'imposait à tous. Oui, assurément, l'homme est capable de s'adapter à toutes les formes de la nature ! 

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            Nous descendons ensuite dans la vallée pour découvrir Sainte-Enimie. De tous côtés, la montagne semblait un rempart à un jet de pierre et le ciel un simple morceau de drap bleu tendu au-dessus de nous. Le cadre est tout simplement impressionnant ! Sainte-Enimie est aussi le nom de la belle église -  très dépouillée - du village, le nom d'une princesse mérovingienne, soeur du Roi Dagobert (vous savez, celui qui a mis sa culotte à l'envers !) miraculeusement guérie de la lèpre en ce lieu à la fontaine de Burle. Reconnaissante à Dieu, elle avait fondé là un monastère. Les touristes se bousculent dans la partie basse du village où coule une rivière qui fait la joie des kayakistes.

            Collioure fait son cinéma : Le 15 juillet à 11 h, nous reprenons notre route à destination de l'Espagne. Nous nous arrêtons environ une heure à Collioure. Je ne sais plus quelle chanson a popularisé le nom de ce village tant aimé des artistes peintres. Mais quelle déception ! La minuscule plage surpeuplée donne l'impression d'être aux abords d'une foire. Quant au village, il semble que tout à été fait pour séduire l'oeil et non point le coeur. Une propreté de décor de cinéma qui vous fait croire que vous êtes sur le tournage d'un film. Ici, tout est dans l'artifice. Collioure ne mérite pas qu'on s'y attarde !

                         B - Les beautés du Nord de la Catalogne 

            La Catalogne et sa Costa Brava : Le 15 juillet à 17 h, nous arrivons enfin à destination à El Port de la Selva, voisine de Llança, située à une vingtaine de kilomètres de Figueras. C'est là que durant notre séjour fait de baignades et de visites des environs, matin, midi et soir, nous avons pris nos repas sur une grande terrasse avec vue sur la mer ! Rien que d'écrire cela me permet de revivre le bonheur d'y avoir été. 

Llança : Entre El Port de la Selva et Llança, la dernière est la plus grande. C'est là où se trouvent les grands commerces alors que la première n'abrite que des épiceries. Llançaa su se moderniser de la plus belle des manières : la principale rue qui va du port à la vieille ville est désormais plus large grâce à une piste cyclable et une piste piétonnière. Bravo ! Le port est plus joli avec ses belles terrasses. La plage a été repoussée et les baigneurs ne déboulent plus dans les pieds des promeneurs.  

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El Port de la Selva : Désormais, on peut aller de Llança à El port de la Selva (Photo ci-dessus / environ 8 km) à pied ou à vélo sans côtoyer les automobilistes. Bravo ! Une piste longe toute la côte et constitue une limite entre les nombreuses criques et les habitations. Avant de venir se désaltérer sur l'une des cinq ou six terrasses du bord de mer, il faut pénétrer dans les ruelles de la ville construite en escalier sur le flanc de la montagne. Des maisons blanches aux fenêtres bleues ou vertes ; des rues propres et silencieuses parce que souvent vides. Forcément, les après-midis, ou les gens font la sieste ou il sont à la plage. Ici, on a évité les grands ensembles d'habitations. Pas d'immeuble de plusieurs étages ! L'esprit "village" est préservé. Bravo !

Sant Pere de Rodes : On ne peut pas séjourner dans la région sans visiter ce monastère bénédictin construit sur l'un des sommets de El Port de la

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Selva. Attention, "ça grimpe sec" ! En moins de dix minutes, vous allez vous trouver à 600 m d'altitude ! En zigzaguant, bien sûr ! Lors de ma première visite, - il y a une dizaine d'années - c'était une ruine que l'on tentait de restaurer. Aujourd'hui, c'est un joyau qui séduit tous les visiteurs. Une restauration très réussie qui n'a pas cherché à laisser croire que le neuf est de l'ancien ! Elle a surtout privilégié l'harmonie.         

Figueras : L'entrée de la ville est désormais très belle. Une très belle avenue traverse deux allées d'arbres. De chaque côté de cette avenue, deux pistes piétonnières. Bravo ! Sur la gauche, un long parking - non encore bitumé - invite l'automobiliste à préférer ne pas entrer en ville avec sa voiture. Le centre-ville et le marché sont à environ dix minutes de marche. Une bonne partie du centre-ville est désormais faite de rues piétonnières magnifiques avec de jolis vitrines de magasin et des restaurants en plein air. On peut désormais se promener dans le centre de Figueras en levant la tête. Bravo ! L'entrée du musée Dali est excessivement chère ; près de 15 euros ! Longue file d'attente (photo) et foule à l'intérieur à prévoir.            

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Cadaqués : Dès l'entrée de la ville, laissez votre voiture dans l'un des parking payants. Marchez et découvrez les beautés de cette ville : elles résident dans les maisons blanches et dans les rues pavées de pierres non travaillées. Tout ici respire le calme d'un village. Par contre, le port est quelconque même s'il est très spacieux et permet de se promener sans être bousculé. 

conclusion : Je retiens de mon voyage deux choses : 1) On ne peut mieux découvrir une cité qu'en

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se promenant ; mais surtout en s'écartant des lieux qui semblent des appâts pour touristes. Il faut oser prendre les ruelles et ne pas oublier de lever la tête. Il faut oser prendre les rues vides pour profiter de la beauté des détails des maisons. 2) Je retiens aussi (à vrai dire, je confirme) que l'on ne doit pas entreprendre la construction d'une cité sans un projet d'aménagement du territoire bien pensé. Pendant longtemps - et aujourd'hui encore dans certaines villes de France - les villes ont été construites pour la voiture. Désormais, les projets semblent intégrer L'Homme et les divers moyens qu'il utilise pour se déplacer. L'Espagne l'a compris et c'est ce qui retient l'attention du visiteur attentif.         

Raphaël ADJOBI

13 août 2012

La Caravane de la Liberté s'est arrêtée à Paris au cri de "Libérez Gbagbo !"

                           La Caravane de la Liberté

                           s'est arrêtée à Paris le 11 août 2012

                                    au cri de "Libérez Gbagbo !"

Agir et "faire savoir au monde qu'on ne peut plus tuer les leaders noirs dans le secret" (Maya Angelou / Militante noire-américaine

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       Lire l'article sur

  Mes pages politiques

                 ou

   La caravane de la liberté

 

 

 

 

9 août 2012

J'accuse Ouattara (Théophile Kouamouo)

                                                         J'accuse Ouattara

                                                       (Théophile Kouamouo) 

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            Dans la courte liste des livres qui tentent de nous faire comprendre à la fois les pans obscurs du conflit ivoirien et la responsabilité d'Alassane Ouattara, ce dernier essai de Théophile Kouamouo est assurément le plus audacieux et celui qui s'adresse au grand public et non point à des spécialistes de la chose politique. Sur un ton franc et admirablement clair, l'auteur suit non seulement la ligne chronologique des événements et des discours qui les ont préparés puis nourris mais aussi la savante construction des propos qui, çà et là, ont tenté de "blanchir" Ouattara et souiller Laurent Gbagbo, dernier adversaire devenu son ennemi. 

            L'indignation de Théophile Kouamouo devant la justice des vainqueurs est d'autant plus grande qu'ayant fait du traitement de l'information sur la Côte d'Ivoire sa spécialité, il a été très attentif aux propos partiaux de certains de ses confrères français et aux malignités avec lesquelles certaines organisations non gouvernementales, - comme Human Rights Watch - fabriquent de toutes pièces des faux pour discréditer ou disculper selon leur bon vouloir. Conscient du caractère ouvertement accusateur de son ouvrage, en bon tacticien, l'auteur remonte dans le passé jusqu'aux premiers signes annonciateurs du cataclysme ivoirien. Et là, que découvre-t-on ? Non pas "l'ivoirité" - la prétendue cause de tous les maux des Ivoiriens - mais bien la "charte du Nord" qui lui est antérieure et qui avait clairement dans ses lignes choisi Alassane Ouattara comme son étendard alors qu'aucune élection présidentielle n'était annoncée. Jamais la "Charte du Nord", ce "brûlot ethnocentriste datant de 1991", n'a été replacée avec autant de justesse dans l'histoire du conflit ivoirien pour en montrer les racines locales. Cette démarche fait apparaître de façon éclatante que, dès le départ, Alassane Ouattara avait choisi la voie tribale pour conquérir le pouvoir. 

            De toute évidence, c'est dans le chapitre intitulé "MPCI = RDR" que l'auteur fait éclater son talent d'enquêteur didacticien. Prenant sans cesse le lecteur à témoin, il le tient par la main, l'interroge, lui explique les liens existants entre tel discours et telle action qui le suit, puis le conduit logiquement à l'implacable conclusion. Il démontre ainsi l'implication de nombreuses personnalités issus du Nord dans toutes les actions conduites par les forces rebelles contre la Côte d'Ivoire. Le lecteur ne peut alors que se poser la question de savoir si le mutisme des personnalités nordistes qui n'ont pas suivi Ben Soumahoro et Balla Keïta dans leur refus de ce contrat tribal n'était pas un mutisme complice. N'oublions pas qu'ils ne se sont désolidarisés de manière collective et officielle de la rébellion qu'après les élections et le verdict du Conseil Constitutionnel. Jamais auparavant ils n'avaient démenti de la même manière les rebelles qui disaient s'exprimer au nom de tous les Nordistes ! Jamais ils n'avaient jugé offensant et dangereux l'attitude des leaders de leur bord qui, souvent, dans leur fief, abandonnant tout à coup le discours officiel en langue française, s'exprimaient en langue locale pour annoncer le projet de reconquête du pouvoir ! 

            Après la démonstration que la guerre ivoirienne était programmée intérieurement et extérieurement, Théophile Kouamouo s'attache, dans les derniers chapitres de cet ouvrage, à nous faire comprendre pourquoi malgré tous les crimes commis - (les gendarmes de Bouaké - les massacres de Petit-Douékoué et de Guitrozon - le massacre d'Anonkoua kouté - les massacres dans l'Ouest et à Douékoué - Les violences à l'hôtel du Golf) - et reconnus par Amnesty International et l'Agence Reuters, Alassane Ouattara ne sera jamais jugé par la justice internationale. Il ne le sera pas parce que "dans sa structure, [cette institution] est fondamentalement plus un instrument politique aux mains de ses bailleurs de fonds qu'une véritable institution judiciaire telle que conçue par les grandes démocraties" ; et aussi parce que "par une transitivité presque parfaite, (...) Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et un certain nombre de dignitaires onusiens, sont aussi coupables"de ces crimes contre l'humanité. Le livre montre d'ailleurs comment, sur place, le représentant de l'ONU a travaillé pour garantir à Ouattara une parfaite impunité. 

            Théophile Kouamouo nous montre donc qu'en prêtant attention aux propos des uns et des autres, les événements qui ont marqué le conflit ivoirien font indiscutablement d'Alassane Ouattara le grand bénéficiaire de tous les crimes des mouvements rebelles. La démarche analytique dont il fait preuve ici rend ce conflit compréhensible par tous : Africains, Européens, Ivoiriens. La richesse de la documentation et cette manière d'interpeller constamment le lecteur font de l'auteur un excellent juge d'instruction, conscient que son rôle est de s'attacher à tous les actes utiles à la manifestation de la vérité. Une vérité qui condamne Alassane Ouattara et qui est désormais à la portée de tous !

Raphaël ADJOBI               

Titre : J'accuse Ouattara, 114 pages

Auteur : Théophile Kouamouo

Editeur : Le Gri-Gri, mai 2012 (10 euros)

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6 août 2012

Tant que je serai noire (Maya Angelou)

                                                  Tant que je serai noire

                                                              (Maya Angelou)

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            Tant que je serai noire est le témoignage du parcours d'une militante noire-américaine pour l'égalité des droits civiques aux Etats-Unis et les libertés en Afrique. Le titre du livre paraphrase ou fait écho à la formule de M. Bunche - ce métis à "la peau (...) si claire  qu'il pouvait passer pour être blanc", ambassadeur des Etats-Unis à l'ONU et qui avait reçu le prix Nobel de la paix en récompense de son travail de médiateur dans le conflit  palestinien  - réagissant au refus opposé à l'entrée de son fils dans un club de tennis. "Tant et aussi longtemps que le plus humble métayer du Sud ne sera pas libre, je ne le serai pas non plus", avait-il dit. En reprenant à son compte cette formule, Maya Angelou semble affirmer dans ce roman autobiographique sa ferme conviction que son combat n'aura de terme que lorsque l'évidente injustice attachée à la peau noire prendra fin.

            Quelle immense et lourde tâche ! Et, effectivement, ce qui frappe avant tout dans la tranche de sa vie retracée ici, c'est cette multitude de combattants noirs illustres que l'auteur a croisés sur son chemin : la célèbre chanteuse Billie Holiday, le pasteur Martin Luther King, Malcom X (chef du mouvement Nation of Islam), le leader sud-africain Oliver Tambo,  l'écrivain James Baldwin... C'est dire combien son engagement était total ! Aussi, ce livre fourmille d'une foule d'informations relatives aux différents mouvements de lutte pour la cause noire et leurs actions en Amérique et ailleurs dans le monde. Toutefois, on ne perd jamais de vue que cette combattante était aussi une mère aimante et une femme dont la vie a suivi le parcours des vicissitudes de ses amours. 

            Cependant, au-delà du parcours chatoyant fait d'illustres rencontres et de la vie amoureuse pleine et agitée d'une mère, ce qui semble encore plus important à retenir ce sont les profondes interrogations et réflexions que le roman suscite chez le lecteur d'aujourd'hui. La contribution de la jeunesse blanche américaine aux luttes des Noirs dans les années 60 -  qui rappellera à certains l'engagement de la jeunesse communiste française dans la défense des leaders africains comme Mandela à la fin des années 70 - ne laisse pas indifférent. Au regard de ce fait, la rareté des jeunes blancs d'aujourd'hui au sein des luttes de soutien aux grands leaders mondiaux ne peut que nous interpeller. Les grands idéaux seraient-ils désormais de l'ordre de la protection de la nature et non plus de la fraternité et de la justice ? La défense des peuples à disposer d'eux-mêmes serait-elle devenue l'affaire des seuls intellectuels ? Et puis, pourquoi la solidarité entre les humains devrait-elle toujours se manifester dans le même sens ? Pour quelle cause humaine les Noirs d'Afrique et d'Europe sont-ils prêts à manifester aux côtés de leurs semblables Blancs pour leur témoigner leur solidarité ?   

            "Patrice Lumumba, Kwamé N'Krumah et Sékou Touré formaient le triumvirat africain sacré, celui auquel les Noirs américains vouaient un culte". Telle est l'une des affirmations fondamentales de ce roman qui mérite aussi réflexion. Aujourd'hui, quels sont les leaders sacrés des Noirs ? Quels sont les guides sacrés des Noirs qui, éparpillés dans le monde, rêvent d'un devenir meilleur là où ils se trouvent ? Peut-être que leur rêve n'est plus associé à la couleur de leur peau parce qu'ils sont persuadés d'être transparents, que leur couleur n'a aucune incidence ni sur les décisions des autres ni sur leurs propres choix. Si telle est leur conviction, des exemples précis tirés de l'actualité récente montrent qu'ils se trompent. En juillet 2012, aux Etats-Unis, un pasteur blanc a refusé de marier un couple au seul motif qu'ils étaient Noirs et que pareil cas serait une première inconcevable dans l'église de sa localité. Si on n'y prend garde, ce qui paraît ici un cas exceptionnel peut devenir ailleurs une généralité. Au Panama, en avril 2012, une jeune fille noire a été refusée en classe parce qu'elle portait des tresses africaines ! Son renvoi n'était pas un cas isolé mais bien la manière ordinaire de la communauté blanche de ce pays de montrer que la règle devrait être le défrisage pour les Noirs. La polémique a éclaté parce que les parents de la jeune fille ont réagi. Une manifestation de grande envergure, qui s'est étendue au Costa Rica, a été nécessaire pour qu'enfin chacun cesse de souffrir dans son coin. 

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            Retenons donc que la vigilance et la réaction franche et massive sont encore nécessaires malgré l'apparente fraternité universelle et qu'il serait encore bon de faire nôtres les précieux conseils que propose ce livre pour mener des actions militantes. En les lisant et en les méditant, les Africains et les Afrodescendants d'Europe et d'ailleurs se montreront les dignes successeurs de leurs aînés qui agissaient pour "faire savoir au monde qu'on ne peut plus tuer les leaders Noirs dans le secret". Si on les tue, si on les embastille ou les condamne injustement sans que nous réagissions, nous sommes coresponsables du mal qui leur est fait. Si vous êtes un grand admirateur des figures illustres de la cause des Noirs mais avez tendance à montrer de l'indifférence à l'égard des leaders actuels qui poursuivent leurs combats, alors ce livre est là pour remuer votre conscience. 

Raphaël ADJOBI 

Titre : Tant que je serai noire (407 pages)

Auteur : Maya Angelou

Editeur : Le livre de poche, sept. 2009

               (1ere édit. Les Allusifs, 2008)

2 août 2012

Côte d'Ivoire : qui espérait se réconcilier avec qui ?

Côte d'Ivoire : Charles Konan Banny rend son tablier de pèlerin

de la réconciliation. En réfléchissant bien, on se demande 

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    qui espérait se 

 réconcilier avec qui ? 

      Lire l'article sur

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        de Raphaël

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