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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
13 mai 2014

Commémoration de l'abolition de l'esclavage 2014 : de Villers-Cotterêts à Paris

Commémoration de l'abolition de l'esclavage 2014 :

                     de Villers-Cotterêts à Paris          

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            De Villers-Cotterêts à Paris, place du général Catroux, la commémoration de l'abolition de l'esclavage a tourné autour de la figure historique du général Alexandre Dumas qui, peu à peu, fait surface dans l'Histoire de France. 

            A Villers-Cotterêts, c'est sous la pluie qu'a débuté à 11h la cérémonie devant l'ancienne résidence de la famille du général Dumas. C'est Claude Ribbe, le nouveau président de l'association Les Amis d'Alexandre Dumas qui, le premier, s'est adressé au public. L'écrivain n'a pas manqué de rappeler le parcours du valeureux général mort à 46 ans, oublié de la France, dans cette petite ville de Picardie. Oublié parce qu'en 1802, la mise en place de l'arrêté consulaire de Bonaparte avait rayé les nègres de l'armée, les excluant par la même occasion de tout hommage de la nation. Puis Claude Ribbe a souligné les efforts de son fils - l'écrivain Alexandre Dumas - pour venger, par son oeuvre, ce père qu'il vénérait mais qui ne l'a pas vu grandir.

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            Puis l'orateur s'est attardé sur l'attitude antirépublicaine du maire de Villers-Cotterêts qui a refusé de prendre part à la cérémonie qu'il assimilait à de la repentance. Aux yeux de Claude Ribbe et de l'assistance qui l'a fortement applaudi, le maire s'est totalement déshonoré. Il a rappelé que toutes les personnes présentes n'avaient rien à se reprocher  parce que personne, dans l'assistance, n'est coupable du crime de l'esclavage. De toute évidence, seul le maire qui parle de repentance à quelque chose à se reprocher. Il a été également rappelé que la commémoration de l'abolition de l'esclavage est nécessaire parce qu'elle nous ramène aux origines du racisme qui fait tant de mal dans notre pays. Se soustraire à cette cérémonie équivaut donc à une faute, comme le soulignera le Premier ministre à Paris, quelques heures plus tard. 

            Puis l'ancien maire de la ville a pris la parole pour rappeler le sens de la commémoration de l'abolition de l'esclavage avant de dénoncer l'absence de son successeur qui prône par son attitude une idéologie pour son parti. Il a lancé un appel à "regarder notre histoire en face pour la dépasser sans rien effacer". Selon lui, ce sont les mémoires réconciliées qui construiront la France. 

            Puis deux jeunes sont passés devant l'assistance pour lire un poème. Leur prestation a été suivie par l'intervention du président de la ligue des droits de l'homme qui a justifié la présence de son mouvement par l'affront fait à la souffrance humaine par le maire FN. 

            Malgré la pluie, la cérémonie de Villers-Cotterêts fut une belle fête populaire avec un public plus nombreux qu'à Paris où il fallait être officiellement invité. 

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                                       Paris, une cérémonie pour les officiels

            La cérémonie de Paris, à la place du général Catroux (17e) a débuté à 18 h en présence du Premier ministre, du ministre de la justice et du ministre des Outremers. Etaient également présentes, Mme le maire de Paris (Anne Hidalgo) et Mme le maire du 17e arrondissement (Brigitte Kuster). Cette dernière nous a d'ailleurs remis en mémoire le fait que derrière l'esclavage dont on commémore l'abolition, il y a bien le racisme et la discrimination qui perdurent. 

            A son tour, comme à Villers-Cotterêts, Claude Ribbe a rappelé que nul n'est coupable des crimes du passé. Et comme pour faire écho aux propos de ceux qui voyaient dans le rapt des filles du Nigéria la permanence de l'esclavage en Afrique, il a tenu à dissiper tout amalgame en rappelant que l'on ne peut mettre sur le même pied d'égalité ce crime de bandits de grand chemin et le crime d'Etat, légalisé et codifié qu'était l'esclavage outre-Atlantique. Mise au point absolument nécessaire pour ceux qui ont tendance à s'appuyer sur les crimes des individus pour pardonner ceux des Etats. 

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            Puis Claude Ribbe a rappelé au premier ministre quelques attentes des Noirs de France : la mise en place d'un véritable plan de lutte contre le racisme, la création d'un centre de culture du monde Noir et l'introduction de l'histoire des Noirs dans notre enseignement ; en d'autres termes, apprendre à nos enfants l'Histoire de la France sans rien leur cacher. 

            Mme Anne Hidalgo, nouveau maire de la ville de Paris a dit pour sa part que commémorer l'abolition de l'esclavage, c'est commémorer la mémoire des femmes et des hommes d'Afrique qui ont été déportés, assassinés, des femmes et des hommes morts dans les comptoirs, au fond des Océans. C'est également, selon elle, commémorer la mémoire de ceux qui se sont levés pour revendiquer leur liberté.

            Quant au premier ministre, il a d'abord dénoncé l'outrage du maire de Villers-Cotterêts avant de dire que la traite Atlantique a déshonoré l'Europe. "Notre histoire connaît des pages de gloire et des pages sombres", et la Shoa comme l'abolition de l'esclavage des Noirs doivent bénéficier de la même attention et des mêmes soutiens de la part de la république,  a-t-il tenu à préciser. 

            On ose espérer que de commémoration à commémoration, les attentes des Noirs de France seront satisfaites. Chose nécessaire pour que leurs compatriotes blancs prennent non seulement réellement conscience de leur contribution à l'Histoire de notre pays mais aussi qu'ils leur témoignent la reconnaissance dont ils ont besoin pour avancer d'un pas plus assuré dans la société française. On ose aussi espérer que la diaspora africaine s'impliquera davantage dans cette commémoration annuelle au lieu de la laisser aux seuls descendants d'esclaves. L'abolition de l'esclavage est l'affaire des Africains, des Noirs enlevés d'Afrique et des Européens. C'est assurément notre mémoire commune que notre pays veut commémorer chaque 10 mai.

Raphaël ADJOBI

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