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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
23 décembre 2014

Dyslexique... Vraiment ? Et si l'on soignait l'école (Colette Ouzilou)

                                     Dyslexique... Vraiment ?

                                        Et si l'on soignait l'école

                                              (Colette Ouzilou)

Dyslexique

            S'il y a un mot qui revient souvent dans le vocabulaire du monde de l'enseignement depuis quelques années, c'est bien « dyslexie », c'est-à-dire le dysfonctionnement du lexique chez « l'apprenant ». On use et on abuse de ce terme dans les écoles et les collèges au point que cela devient lassant et exaspérant pour la simple raison que ceux qui l'affectionnent ne sont généralement pas capables de dire ce qu'il recouvre dans la réalité.

            A tous ceux qui ne savent rien de ce phénomène, de « cette pathologie très à la mode qu'est devenue la dyslexie », Colette Ouzilou voudrait clairement assurer ceci : la très grande majorité des élèves que l'on envoie dans les cabinets d'orthophonistes ne sont nullement atteints de dyslexie – qui est un handicap exceptionnel. En réalité, le mal de presque tous ces enfants se résume en un mauvais apprentissage de la lecture ! La méthode globale puis semi-globale dont l'inefficacité a été très vite reconnue et décriée par les familles – mais que les néo-pédagogues et l'Education nationale se sont évertués à poursuivre pour ne pas perdre la face – ont conduit à la fabrique de faux dyslexiques en série. Au nombre de ceux-là, il faut – selon moi – ajouter les enfants privés du savoir qu'ils étaient venus chercher à l'école parce que la trop grande dispersion ou agitation de quelques camarades a transformé les enseignants du primaire en véritables gendarmes et donc inutiles à leur fonction première. Résultat : les cabinets d'orthophonie se sont multipliés pour « rééduquer (...) des écoliers ignorants, et déprimés de l'être » – aux frais de la sécurité sociale – et non pour s'occuper d'enfants véritablement atteints de ce handicap rare qu'est la dyslexie.

Il convient de dire ici que tous ceux qui cherchent auprès des professeurs de français des solutions à la vraie dyslexie de leur enfant se trompent complètement d'adresse. Les professeurs des écoles et des collèges ne sont nullement des médecins ou des spécialistes de ce mal qui nécessite un enseignement particulier.  Aucun enseignant ne peut dans une classe d'une trentaine d'élèves accorder à l'enfant vraiment dyslexique les attentions que prescrivent les médecins. D'ailleurs, il serait juste que ce soit l'enseignant qui, constatant son incapacité à vaincre un mal singulier auquel il n'a pas été préparé, se tourne vers le chef d'établissement et ce dernier vers les autorités extérieures pour une prise en charge de l'enfant concerné. Le mouvement inverse auquel nous assistons couramment est donc tout à fait insensé. Et les analyses de Colette Ouzilou sont sans équivoque sur ce point.

            Le livre que nous vous présentons ici montre combien les concepteurs des méthodes de lecture globale et semi-globale – méthode très pratiques pour les sourds – ont du mal à les théoriser et produisent parfois des analyses frisant l'inconscience. Aujourd'hui, on s'applique à soigner un mal qu'ils ont fabriqué avec la complicité de l'Education nationale mais on ne cherche pas à savoir « si l'échec revient au seul déficit de l'enfant » (vraie dyslexie) ou à l'enseignement reçu dont les traces sont mauvaises (fausse dyslexie). On ne cherche pas à savoir si l'enfant « échoue parce qu'il n'a pas appris, ou parce qu'il ne peut pas apprendre ». L'Education nationale ne cherche pas parce qu'elle connaît le responsable de la catastrophe que vit l'enseignement français.

            Oui, il faut le dire franchement : tous ces enfants - considérés comme des handicapés par leurs familles et certains professeurs - qui remplissent les classes des écoles et des collèges ont malheureusement modifié, de manière très évidente, le rôle de l’enseignant à tel point que l’on oublie que celui-ci est essentiellement un passeur de savoir ; et que la pédagogie se résume à la recherche de toutes les techniques susceptibles de rendre efficace le passage du savoir du maître à l'enfant. Non, l'enseignement ne doit pas consister à perdre son temps à réparer les mauvaises pratiques – à soigner cette prétendue maladie due aux nouvelles méthodes de lecture nées dans les années soixante-dix – mais à affûter les techniques pédagogiques pour mieux conduire l'enfant à la fontaine de la science. Les solutions à bon nombre de défaillances de l'enfant ne sont pas à chercher dans le cadre de la classe et dans la pédagogie de l'enseignant. C'est souvent ailleurs, par d'autres moyens, par d'autres techniques et donc auprès de professionnels qualifiés qu'il faut aller chercher ces solutions. Mais il semble que l'Education nationale préfère payer les professeurs des collèges pour tenter de réparer les mauvais effets d'une mauvaise pratique ou d'une mauvaise éducation plutôt que de former le personnel qui convient et créer les structures adéquates pour cette charge ; mesures qui permettraient à l'école de la République de se consacrer à l'essentiel : enseigner, qui veut dire faire passer le savoir ou littéralement « montrer en indiquant ».  

Raphaël ADJOBI

Titre : Dyslexique... Vraiment ? Et si l'on soignait l'école, 208 pages.

Auteur : Colette Ouzilou.

Editeur : Albin Michel, 2014.

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Commentaires
L
ça c'est un livre dont la publication fait plaisir En effet, nous ne cessons de nous plaindre au collège et moi particulièrement, de ce qu'on met tout à la sauce dyslexique maintenant, la moindre défaillance ou insuffisance de l'élève est justifiée par sa "dyslexie". J'ai même des élèves qui, persuadés de ne pas avoir fait ce qu'il faut, mettent sur leur copie "je suis dyslexique" pour que je sois indulgente envers eux lors de la correction... Ah dyslexie, quand tu nous tient
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M
Apparemment il y a peu de dyslexiques véritablement reconnus..si ce n'est une faiblesse gouvernementale..Dans les années 60 il n,'y en avait peu ou prou..j'ai fait cette démarche pour m'apercevoir que j'avais été trompée..résultat des courses ..mon époux a confirmé au cours d'une conférence que la dyslexie préexistance était récupérée par les instituteurs de notre époque..ben..j'ai perdu du temps!!
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