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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
18 octobre 2019

Profanation d'une sépulture de l'ancienne Egypte ou la course au commerce des momies

  Profanation d'une séputure de l'ancienne Egypte

                ou la course au commerce des momies  

Exhumation de sarcophages en Egypte Oct

            Le mardi 15 octobre 2019, des sarcophages de plus d'une vingtaine de corps momifiés ont été découverts à Luxor, en Egypte. L'ensemble des sarcophages a été extrait d'une même sépulture semblable à une grande pièce à deux étages.

            Tomber par hasard sur un trésor ancien et vouloir en faire la jouissance à notre époque est la plus belle chose que l'on puisse souhaiter à quelqu'un. Ainsi les statues nègres de l'ancienne Egypte font le bonheur des musées arabes de L'Egypte actuelle et des musées européens, tandis que les statues nègres de l'ancien Mexique profite aux populations du Mexique actuel. Mais quand il s'agit d'exhumer, non pas des ossements trouvés à même le sol, mais des corps dont les peuples anciens ont pris soin de leur préparer un voyage hors du temps des hommes, tout cela pour en tirer un bénéfice financier, alors on atteint l'irrespect du repos des ancêtres des autres.

Exhumation de sarcophages 2

            Les peuples arabes et européens, dont les ancêtres ignoraient la science de la conservation des corps, se précipitent aujourd'hui comme des rapaces sur la moindre dépouille nègre pour en tirer un profit commercial. Quelle attitude macabre pour ces peuples qui ignorent le repos des anciens qui ne sont pas les leurs. 

            Aujourd'hui, il suffit de faire une inscription sur une tombe en Europe ou dans un pays arabe pour mériter la prison ou la décapitation. Mais les sépultures nègres - non pas des ossements trouvés en pleine terre - peuvent être ouvertes et les dépouilles exposées au regard sacrilège de la multitude, donc commercialisées. C'est dire que même mort, le nègre rapporte gros aux yeux des Blancs et des Arabes ! Personne n'ose imaginer les cercueils d'un caveau des anciens Grecs ou Romains ouverts et les corps exposés et distribués à travers le monde pour satisfaire la curiosité morbide des humains. 

numérisation0003

            Depuis le VIIe siècle de notre ère que les arabes occupent l'Egypte, ils n'ont jamais été capables de quelque invention ou production particulière qui les caractériserait. Depuis plus de treize siècles, ils ne vivent que de l'exploitation des corps des Noirs et des Georgiennes et autres femmes du Caucase. Maintenant, ils vivent des tombes des ancêtres des Noirs. Quand se mettront-ils enfin à créer quelque chose qui leur soit propre ?

            Que ceux qui, aujourd'hui, entretiennent jalousement les tombes de leurs aïeux et de leurs ancêtres retiennent cette leçon - si toutefois elle peut susciter en eux un semblant d'humanité : si tu veux que l'on respecte ton passé, respecte celui des autres. Sinon, commençons par imaginer dès maintenant notre Panthéon entre les mains d'un peuple vainqueur faisant  des corps de nos hommes illustres le même commerce macabre qui nous passionne aujourd'hui - s'agissant des momies nègres de l'ancienne Egypte.      

Raphaël ADJOBI

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1 octobre 2019

Batouala, véritable roman nègre (René Maran) - Une analyse de Raphaël ADJOBI

                                                    BATOUALA

                                           Véritable roman nègre

                                                      (René Maran)

Batouala - René Maran

Quand on sait que ce classique de la littérature française a obtenu le prix Goncourt en 1921, et surtout qu'il a provoqué une indignation générale dans les milieux politiques de l'époque, on le lit avec la fièvre d'y découvrir un récit enflammé contre la colonisation, cette entreprise de «destruction des cultures africaines et de leurs modes d'expression» afin d'imprimer dans la conscience des Noirs "la supériorité de la culture occidentale". A vrai dire, cette critique est bien timide, pour ne pas dire à peine perceptible.

            Il est donc nécessaire de se plonger dans le contexte historique pour comprendre pourquoi Batouala a été à la fois salué par un prix et des cris d'horreur. En effet, à l'époque des expositions coloniales célébrant le rayonnement de son empire colonial, à l'heure où de nombreux intellectuels étaient convaincus du devoir de la France de civiliser les peuples de ses colonies africaines, présenter cette entreprise comme celle de la destruction des cultures africaines semblait alors totalement irrévérencieux et même antipatriotique.

            C'est donc cette singularité du discours introduisant ce récit - plus que le bref passage du livre où les Noirs jugent les colons - qui a retenti comme une détonation dans le beau paysage de l'esprit colonial de l'époque. En effet, si avant Cheik Hamidou Kane, avec L'aventure ambiguë (1961), René Maran a été le premier Français à faire des Noirs des personnages principaux jugeant les Blancs - les personnages secondaires - il a surtout été le premier, avant Aimé Césaire avec son Discours sur le colonialisme (1950), à pourfendre le colonialisme dans l'introduction de Batouala. C'est cette audace de René Maran qui lui a coûté son poste d'administrateur des colonies en Oubangui (actuelle Centrafrique) et a fait de lui l'un des précurseurs de la négritude.

© Raphaël ADJOBI

Titre : Batouala, 186 pages

Auteur : René Maran

Editeur : Magnard, Classiques contemporains, 2002.  

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