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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
7 décembre 2019

Mamadou Koulibaly enfin à la hauteur des attentes des Ivoiriens et des Africains !

Mamadou Koulibaly enfin à la hauteur des attentes

                des Ivoiriens et des Africains

Mamadou Koulibaly 3

            Depuis un ou deux ans, Monsieur Mamadou Koulibaly - président de LIDER, parti ivoirien - se distinguait des autres dirigeants de parti par ses comptes rendus réguliers de la situation politique de son pays tout en y ajoutant ses réflexions personnelles et ses projets de remplacement. Un travail sérieux qui retenait l'attention de nombreux Ivoiriens. Mais l'homme restait dans l'esprit de beaucoup le compagnon de route du président Laurent Gbagbo ayant quitté le navire au moment de la tempête. Il restait surtout dans l'esprit de ses amis de l'opposition le privilégié d'Alassane Ouattara. En effet, Mamadou Koulibaly était celui qui pouvait se permettre de critiquer le régime du «rattrapage ethnique» sans jamais subir les mauvais traitements infligés aux autres ; patronyme nordiste oblige. Oui, il est du nord de la Côte d'Ivoire ; et dans une république qui a juré de venger les nordistes du pays, l'attaquer serait se renier pour Dramane Ouattara. Mamadou Koulibaly prospérait donc depuis presque dix ans sous la bienveillance du préfet français Dramane Ouattara. Même ses multiples interventions contre le Franc CFA n'ont pas été suffisantes pour redorer considérablement son blason afin de faire de lui l'étendard idéal de la conquête de la dignité de la Côte d'ivoire bafouée par le pouvoir actuel. 

            Mais voilà que depuis le début de ce mois de décembre 2019, les propos de son porte-parole, Madame Nathalie Yamb, lors du sommet de Sotchi en Russie, en octobre dernier, sont venus ébranler la fragile cohabitation de Mamadou Koulibaly avec le pouvoir ivoirien. Nathalie Yamb - de nationalité suisse et camerounaise - vient d'être expulsée de Côte d'Ivoire pour trouble à l'ordre public français. Est-ce le bannissement de sa collaboratrice suite à ses propos très appréciés par l'ensemble des Africains qui a poussé Mamadou Koulibaly à franchir la ligne qui vaut à tout africain le courroux de la France - maître de l'Afrique francophone et de ses multiples valets-présidents ? Il semble de toute évidence que cette expulsion qui coïncide avec les récents propos du président français demandant depuis Londres - après le sommet de l'Otan - aux chefs d'Etats africains de faire en sorte « que les voix qui suscitent, portent et divulguent ce qu'il appelle le sentiment antifrançais dans les pays francophones se taisent» a été le déclencheur de son dernier discours d'une tonalité nouvelle sur la scène politique africaine.    

            En tout cas, l'homme est allé droit au but et se présente désormais non pas en candidat à la présidence de son pays mais comme l'adversaire officiellement déclaré des «relations incestueuses entre l'Etat français et nos autorités.» Des relations qui, selon lui, «étouffent la démocratie, des relations qui étouffent les droits de l'homme, des relations qui étouffent la possibilité que nous devons avoir de demander des comptes à nos dirigeants, des relations qui étouffent l'expression plurielle» en Afrique francophone !   

             Même si Les propos du Malien Salif Kéïta ont déjà quelque peu ébranlé la sphère politique franco-africaine ces derniers jours - compte tenu de sa notoriété internationale - ils étaient  ceux d'un artiste partisan d'une contrée de l'Afrique en proie à un mal local. La preuve en est l'usage de la langue bambara lors de son discours. Mamadou Koulibaly, quant à lui, a trouvé les mots justes, au moment opportun ! On peut dire qu'il a osé se hisser au diapason des aspirations profondes de ses compatriotes et des Africains en général. Pour la première fois, un homme politique africain - chef de parti et aspirant à la direction de son pays - ose publiquement et officiellement interpeller le président de la République française pour lui faire comprendre le sentiment de son pays et de l'Afrique francophone à l'égard de la politique africaine de la France. «Monsieur le président, dit-il, nous avons le sentiment que vous êtes complice avec nos chefs d'Etat pour nous brimer ! » Et pour rendre plus explicite sa pensée, il a rappelé les passés esclavagiste, colonial et néo-colonial des aïeux et des prédécesseurs de Monsieur Macron afin qu'il comprenne que les jeunes africains d'aujourd'hui ne veulent plus de cette vie quotidienne se résumant à l'histoire douloureuse de l'Afrique qui se poursuit dans le présent. Cette audace vaut bien un emprisonnement par Ouattara - bien sûr en suivant les recommandations de l'Elysée. Mais Ouattara n'osera pas ; et Macron non plus n'osera pas demander à son préfet ivoirien cet affront à la Côte d'ivoire et à l'Afrique ! Tout simplement parce que toute réplique radicale serait une déclaration de guerre officielle aux jeunes africains désireux de tourner la page des Houphouët-Boigny, Ali Bongo, Konan Bédié, Konan Bany... Laurent Gbagbo s'est avancé dans le combat avec franchise et beaucoup de courtoisie. Mais il parlait aux Ivoiriens et aux Africains. Ces derniers étaient d'ailleurs peu nombreux à l'avoir suivi et soutenu. Certains étaient même contents du sort qui lui a été infligé pour son audace. Aujourd'hui, l'Afrique est prête parce que partout elle parle le même langage : le langage de la liberté et de la dignité. Mamadou Koulibaly l'a bien compris et a osé le dire clairement au président français et non aux Africains ! Il ne dit pas aux Africains «levez-vous» ; il dit au président français «vous devez cesser la politique de prédation et de déstabilisation de l'Afrique avec la complicité de nos dirigeants !»

            Monsieur Mamadou Koulibaly vient donc d'entrer dans l'histoire de l'Afrique. La grande différence avec ses prédécesseurs, c'est d'avoir choisi de s'adresser directement au président de la République française pour lui demander de cesser d'être celui qui confère aux chefs africains leur légitimité faisant d'eux des adversaires de leurs propres populations. Il a osé dire au président français qu'il n'y a pas en Afrique un sentiment antifrançais mais «un ras-le-bol, une révolte, un refus de la mainmise de l'Etat français sur nos autorités et par ricochet sur nos peuples». Il a eu l'audace de dire au président français «LET MY PEOPLE GO !» C'était simple ; mais il fallait y penser et le dire.                     

Raphaël ADJOBI

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