Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
27 mars 2008

L'Esclavage en Terre d'Islam (2)

             L’Esclavage en Terre d’Islam (2)

                             4 Arguments pour

              perpétuer le commerce des esclaves

Photo_L_escl

 

            Consciemment ou inconsciemment, c’est la fable biblique de la malédiction de Cham, fils irrespectueux de Noé, dont la descendance (les kémites « brûlés par le soleil ») aurait été condamnée à servir celle de ses frères qui a conforté bien des peuples du monde chrétien ou arabe (oui !) dans leur entreprise de mise en esclavage des noirs. Mais au-delà de l’argument religieux, on retrouve ça et là dans les écrits des esclavagistes les arguments qu’ils semaient dans l’opinion publique pour justifier le commerce des Noirs. Le Livre de Malek Chebel nous en donne un aperçu.

            

Argument 1 : Les esclaves sont plus heureux dans leur condition que certains paysans d’Europe.

Argument 2 : Les esclaves pleurent et refusent la liberté quand on la leur offre. Certains vont même jusqu’à se suicider. Sur ce chapitre, les esclavagistes s’appuient sur une révolte qui serait survenue dans l’actuelle Barbade en 1830 alors îles des Petites Antilles. Des esclaves libérés se seraient révoltés pour demander le retour à leur condition d’esclaves. (p. 216)  

Argument 3 : « Une fois le nègre abandonné à lui-même, il a toujours rétrogradé. Comme un cheval en liberté, il devient sauvage ; assujettissez-le au harnais, et aucun animal n’est plus utile. » (p.214, propos attribués à Sir Samuel White Baker). Vous aurez reconnu là l’éternel argument selon lequel on ne peut tirer le meilleur du noir qu’en le traitant durement.   

Argument 4 : l’abolition de l’esclavage ne devrait se faire que progressivement, au fur et à mesure que les libérés trouvent du travail ; cela afin d’éviter de se retrouver avec un trop grand nombre de désoeuvrés. (p.282) Arguments repris aujourd’hui par les pays musulmans qui pratiquent encore l’esclavage. 

  La question de l’esclavage

En terre musulmane en 2007

Colloque de Rabat 17, 18, 19 mai 2007

Placé sous l’égide de l’Unesco, qui en a pris l’initiative et le financement, ce colloque s’est fixé comme objet « les interactions culturelles issues de la traite négrière et l’esclavage dans le monde arabo-musulman ». La vingtaine de chercheurs appelés à se réunir venaient des pays suivants : Maroc, Algérie, Egypte, Emirats Arabes unis, Mauritanie, Soudan, Somalie, Tunisie, Syrie, Turquie, Yémen. Malheureusement, la formulation du tract préliminaire permit à Malek Chebel de comprendre qu’en réalité, la rencontre de Rabat visait à mettre en valeur les « avantages secondaires » du système esclavagiste instauré dans les pays arabes et musulmans, quasiment avec l’accord des Etats africains concernés. (p.243 – 244) En d’autres termes, les éminents chercheurs de ces pays ont détourné le colloque de son objectif initial pour « montrer que les conséquences de l’esclavage n’avaient pas été aussi désastreuses qu’on le prétendait. » Attitude qui rappelle étrangement celle de la France qui veut enseigner dans ses écoles les aspects positifs de la colonisation.

Raphaël ADJOBI

(les italiques sont des remarques personnelles)

Publicité
17 mars 2008

L'Esclavage en terre d'Islam (Malek Chebel)

Photo_L_escl              L’Esclavage en Terre d’Islam

            A la lecture des premières pages de ce livre, on ne peut s’empêcher de penser à tous ces Noirs d’Afrique et des Etats-Unis d’Amérique qui ont rejeté le catholicisme qu’ils considéraient comme la religion des colons et des esclavagistes pour embrasser l’Islam. Au fil des pages, on ne peut cesser de penser à tous ces Africains, zélés défenseurs de l’Islam et qui durant leur vie entière jamais ne laissent échapper de leur bouche la moindre critique à l’adresse de la religion de Mohammed et des pays qui l’ont érigée en dogme d’état.

            Il semble en effet que l’esprit critique à l’égard de sa religion et de ses pratiques soit le privilège du chrétien. La critique de sa croyance et des pensées de sa religion apparaît inadmissible pour le musulman. Les multiples condamnations à mort lancées de nos jours contre des écrivains ou des penseurs à travers le monde le prouvent.

            On ne peut donc qu’être d’accord avec Malek Chebel quand il s’étonne du mutisme des musulmans sur la réalité de l’histoire de leur religion. Le monde musulman, selon lui, semble sciemment ignorer la culture religieuse musulmane. En d’autres termes, le musulman se complaît dans l’ignorance de son histoire religieuse incluant des pratiques sociales que la conscience humaine désapprouve aujourd’hui.

            Lire ce livre, c’est découvrir les multiples visages de l’esclavage en terre musulmane hier et aujourd’hui. Malek Chebel nous parle des esclaves chanteuses qui furent parfois puissantes. Il nous parle des énuques d’Europe et d’Afrique, des esclaves soldats, etc… L’auteur nous promène de l’Espagne à l’Europe centrale en passant par l’Afrique et le Moyen Orient. Il montre du doigt « l’esclavage de traîne » - autrement dit la survivance de l’esclavage – au Sénégal, en Mauritanie, au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Egypte, au Soudan, En Lybie, au Tchad, au Niger, au Sultanat de Brunei, en Arabie Saoudite,…. Il est écoeurant de lire que l’esclavage, souvent sous sa forme ancienne, existe aujourd’hui encore dans ces pays sans que les gouvernants osent s’attaquer franchement à l’éradication de ce phénomène honteux. 

            Ce livre est donc l’historique de l’esclavage sous sa forme archaïque en pays musulman fait de chasseurs d’esclaves, de caravaniers, de riches commerçants de « bois d’ébène » prélevés dans le sud du Sahara, pour nous découvrir son visage actuel fait d’humiliations individuelles, presque invisibles, difficilement quantifiables dont il donne certains aspects criants et révoltants à l’aube du XXI è siècle.

            La note de l’éditeur fait remarquer que « l’auteur reconstitue avec minutie le développement d’une culture esclavagiste qui s’est greffée sur l’Islam. » Quant à moi, je dirais que c’est une culture esclavagiste à laquelle s’est adapté l’Islam avec complaisance pour ne rien changer à une pratique féodale. Ainsi l’Islam égalitariste qui prône le partage des richesses approuve et encourage le dispositif de dépendance de l’homme à l’homme. En ce qui concerne la polygamie, il ne fait que donner par le Coran un habit juridique à une pratique ancestrale qui prévalait. D’autre part, la libération de l’esclave que propose le Coran ne dépend que de la manifestation de la générosité ou de la repentance du maître ; ce qui fait dire à Malek Chebel que « la condition sine qua non de toute liberté humaine, à savoir la liberté de conscience, […] est inféodée à une croyance préalable, en l’occurrence l’Islam. »            

            Dès lors, on comprend avec l’auteur pourquoi la démocratie est impossible dans les pays qui ont fait de l’Islam une religion d’état, et pourquoi les régimes esclavagistes d’aujourd’hui sont généralement des régimes musulmans.    

 

Raphaël ADJOBI

Auteur : Malek Chebel

Editeur :Fayard

 

6 mars 2008

Les banlieues et leurs élus

 

                        Les banlieues et leurs élus

« Sarcelles est à 1h 45 minutes de Paris par le RER alors que le trajet se fait en 15 minutes en voitures ; c’est démotivant, non ? » lance le jeune homme, simplement. En effet, on oublie bien aisément que tous ceux que l’on assimile à des paresseux et que l’on qualifie de « glandeurs » sont au départ les innocentes victimes de projets nés des esprits dits supérieurs de la nation. On oublie aisément qu’on a crée dans les années 60 des « banlieues sans usine, sans fumée, sans bureau », des cités justement appelées dortoirs et dépourvues de tout et qui exigeaient que pour tout l’on prenne la direction de Paris. La création d’un espace de vie spécifique a donc indiscutablement généré un comportement spécifique adapté à ce milieu.

            Mais aujourd’hui, afin de mieux isoler les habitants de ces contrées périphériques de la capitale française, lesBanlieues_France prétendus penseurs et concepteurs de la République ont créé un lexique propre à stigmatiser leurs populations. On ne les désigne que par « population issue de l’immigration » ou de « jeunes mal intégrés ». Dès lors, ces populations apparaissent aux yeux du reste de la France comme des étrangers. Ainsi, les agriculteurs et autres corps de métiers qui mettent le feu aux bâtiments publics ou les plastiquent tout simplement n’écoeurent personne ; les voitures qui brûlent dans les banlieues si. Tout cela ne choque point les intellectuels français qui ne rêvent aujourd’hui que de plateaux de télévision ou de réceptions chez les fortunes de la nation. 

            

            Mais voici venue l’heure d’élections nouvelles et nous voyons apparaître ça et là des faces blafardes et non point basanées dans ces lieux que l’on dit impropres aux progrès. Une fois encore l’on vient leur chanter que l’on sait ce qu’il leur faut pour leur arracher leur suffrage. Bientôt ces rejetés auront leurs chefs qu’ils auront démocratiquement choisis mais qui leur auront été imposés d’une certaine façon puisqu’ils auront été désignés par des appareils politiques aristocratiques. Même si je me réjouis de la désignation d’Aminata Konaté comme candidate UMP à Montreuil face à Dominique Voynet (Gauche dissidente) et au candidat désigné de la Gauche, je mesure le chemin qui reste à parcourir par les minorités pour entrer dans les cœurs de leurs compatriotes blancs comme leurs égaux.

      

            Aussi, je ferme les yeux et je rêve à ce jour où ces Français de deuxième catégorie se décideront à se gouverner eux-mêmes sans compter sur les appareils politiques qui les ignorent et dans lesquels ils sont d’ailleurs absents.

 

Photo : Drancy (région parisienne). Je vous laisse apprécier la subtile séparation entre zone pavillonnaire et zone à loyers modérés. 

 

Cet état de chose m’a inspiré cette réflexion il y a quelques années

Il nous plaît de blâmer ces hommes politiques qui jamais n’ont connu la pauvreté ni la misère mais qui s’érigent en défenseurs du pauvre et du miséreux en repassant, la nuit venue, les grandes théories salvatrices du genre humain apprises dans les grandes écoles qui font la fierté de la République. Drapés dans leur suffisance et certitudes, ils nous promettent le bonheur et clament à qui veut les entendre que leur intelligence attestée par leurs diplômes enluminés les en approche. 

            Et pourtant chaque jour, nous constatons que leur manque d’humanité les éloigne de nous et nous rend leur voix étrangère. Heureusement, pour cette classe d’hommes, à l’heure du choix de ceux qui doivent nous gouverner, leur enluminure nous éblouit et nous arrache notre suffrage. Ne me demandez pas par quel miracle ou imbécillité nous les choisissons pour les blâmer plus tard.

 

Raphaël ADJOBI                

Publicité
Publicité