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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
25 novembre 2011

Galadio (un roman de Didier Daeninckx)

                                             Galadio

                   (un roman de Didier Daeninckx) 

Galadio 0010            Même si ce roman est une fiction construite « à partir d'une très solide documentation » (l'éditeur), la figure de Galadio se dressera dans l'esprit de tout lecteur comme l'image d'une vérité historique lancée à la face du monde au même titre que le livre d'Anne Franck. C'est, de toute évidence, un livre qui dit des vérités poignantes inconnues dans la littérature française et qu'il faut absolument découvrir. Sans exagérer, on peut dire que l'ignorer, c'est fermer les yeux sur un pan de l'histoire des deux dernières guerres et par voie de conséquence un pan de l'histoire humaine du XXè siècle. 

            Pourtant, une fois le livre refermé, on pourrait ne retenir que l'expression de deux amours puissants. Le jeune Ulrich Ruben, né des amours d'une Allemande et d'un soldat africain de la première grande guerre, vit pauvrement avec sa mère qui travaille de nuit dans une usine de la petite ville de Duisbourg. Quelle peut être la vie d'un adolescent métis et d'une jeune mère allemande montrée du doigt pour avoir fréquenté « un gaulois noir » ? C'est ce que Didier Daeninckx propose aux lecteurs dans les premières pages de ce livre. Des pages tendres et émouvantes. Des pages dures comme les vérités de l'histoire pour tous ceux qui ont connu la guerre ou qui la redoutent sincèrement. 

            A vrai dire, le jeune Ulrich Ruben sait qu'il est aussi Galadio, ce nom venu du fond de l'Afrique que lui a confié en secret son père et qu'il porte en lui comme le signe de sa singularité ; secret qu'il dévoilera à Déborah, cette jeune fille juive qui saura partager sa peine quand il deviendra plus qu'un paria pour la société allemande aux heures terribles de l'éveil du nazisme. En effet, Galadio sera pris en chasse quand sera mis en place un programme spécial destiné à tous ceux qui rappellent à la mémoire du pouvoir allemand le passage des soldats africains sur son sol. Traqué par les nazis, il découvrira le sort réservé aux jeunes gens de son espèce  avant d'être embarqué dans une aventure cinématographique insoupçonnée qui le conduira en Afrique. La découverte brutale  de la terre qui a vu naître son père lui demandera beaucoup d'humilité et d'abnégation pour devenir ce qu’il n’a jamais imaginé être. Mais bientôt la deuxième guerre gronde ; et c'est de l'Afrique qu'il voit venir le vent de la déflagration mondiale. 

Caricature all            A ce moment du livre, l'auteur met l'accent sur un passage de l'histoire de la France que la très grande majorité des Français ignore. Il s'agit de la guerre franco-française à laquelle se sont livrés sur le sol africain les partisans du maréchal Pétain et ceux de Charles de Gaulle. Et c'est là, en terre africaine mais française que Galadio, le jeune "Boche bronzé", va prendre le parti de l'armée de son père sans perdre l'espoir de retrouver sa mère et Déborah. 

            On peut croire que pendant longtemps, Galadio restera dans la mémoire de nombreux lecteurs. Il est certain que Didier Daeninckx vient d’ouvrir avec ce livre - qui est bien plus qu’un roman - une page de l'histoire qui n'attend que d'être lue pour retrouver dans les coeurs et les mémoires la considération qu'elle mérite.

Raphaël ADJOBI

°Recommandation : Pour s'informer sur la guerre franco-française en Afrique, il faut écouter sur "France Inter" l'émission La marche de l'histoire du mercredi 23 novembre 2011 à 13h30 :Radio Brazzaville, une voix de la France Libre. 

Titre : Galadio, 154 pages

Auteur : Didier Daeninckx

Editeur : Gallimard, collection Folio.

          

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13 novembre 2011

Le Négrier, roman d'une vie (Lino Novàs Calvo)

                                     Le Négrier, roman d’une vie

                                                   (Lino Novàs Calvo)

Le négrier 0005_crop            Un roman riche d’enseignements. Très riche ! A travers la vie de Pedro Blanco, un jeune  espagnol qui rêvait d’être marin mais qui va devenir négrier, c’est tout l’univers des jeunes européens des siècles de l’esclavage que le lecteur découvre. Une vie de marin avec l’Afrique comme espoir de richesse. Cependant, l’inégale longueur des trois parties du récit peut générer quelque lassitude si le lecteur ne se laisse pas aiguillonner par l’extraordinaire destin du personnage principal annoncé par le titre de l’ouvrage. 

            Quand à quatorze ans, forcé de fuir Màlaga en se jetant littéralement à la mer, Pedro se hisse à bord du premier navire du port, il comprend – en même temps que le lecteur – que sa vie ne sera plus celle d’un terrien. Pour tous, il était trop maigre pour être utile comme marin. Toutefois, il trouvera des yeux compatissants pour faire de lui un mousse ; et d’un navire à l’autre, il découvrira la violence, les vols et la prostitution qui étaient les dangers ordinaires des ports européens où s'exhalait un parfum de commerce négrier des corps et des lèvres de ceux qui revenaient d’Afrique, du Brésil et des Caraïbes. Il se prit donc à rêver d’aventures lointaines. D’ailleurs, son oncle Fernando ne lui promettait-il pas un destin de marin ? 

            Pedro va sillonner la Méditerranée et l’Atlantique et découvrir que dans les  ports européens, de Bilbao à Liverpool en passant par Nantes, partout, de nombreux pêcheurs sont devenus des négriers. Puis il embarque pour le Nouveau Monde. Il découvre Terre Neuve et la difficile et laborieuse tentative de sédentarisation de groupuscules de marins et de pirates. Sa vie aventureuse et trépidante le conduit plus tard à Récife qui était alors le premier port négrier du Brésil. La découverte des premiers haras humains où les blancs s’unissent à des négresses pour obtenir des femmes métisses très recherchées dans les hautes sociétés coloniales va réveiller l’âme de pirate qui dormait en lui et il décide de devenir voleur d’esclaves et contrebandier. Mais sa tentative de former une bande échoue lamentablement et le voilà en fuite embarqué sur le « Cinturon de Venus » pour Ouidah, au royaume de Dahomey qui était alors le centre de la traite en Afrique occidentale. 

            Naviguant désormais entre le Nouveau monde et l’Afrique, Pedro va apprendre à connaître les fourberies des armateurs et des actionnaires, la concurrence impitoyable entre les négriers et leurs techniques pour s’arroger les marchés sur le continent noir. Il achète et vend des esclaves en Afrique, combat des pirates et des croiseurs abolitionnistes. A 27-28 ans, il était devenu un homme dur au cœur insondable et réunissant toutes les qualités d’un bon négrier.   

            A ce stade des aventures de Pedro Blanco, le lecteur ne manquera pas de noter l’extraordinaire encombrement de l’Atlantique par les navires négriers et l’intense activité commerciale aussi bien sur les côtes africaines que dans les îles. Les différentes îles des Caraïbes ressemblaient en effet à de véritables foires où se retrouvaient toutes les nationalités après leurs séjours dans les factoreries ou esclaveries africaines. De nombreux soldats qui avaient pris part aux guerres napoléoniennes étaient devenus négriers ou pirates. Sur ces terres d’exil, « les dogmes se dissolvaient comme par magie. On venait là comme à une salle de jeu, où un prince pouvait trinquer avec un brelandier ». Là, les négriers s’informaient des résultats des factoreries établies  sur les côtes africaines. « A cette date, il y aura des nègres à tel ou tel endroit […], à cette autre date, la guerre préparées par les facteurs et les prêtres peut avoir éclatée ». Chacun savait où se présenter en prenant la mer. Aussi, dans les tavernes de la Havane, devant les efforts des abolitionnistes qui arraisonnaient les négriers, libéraient les esclaves et démontaient les bateaux, certains marins croyaient la fortune toujours possible : « Abolition ? dit un pilote négrier. Abolition. Bobard ! On continuera à charrier des nègres jusqu’à ce qu’on ne puisse plus en mettre un sur l’île ».      

            Grisé par l’atmosphère des îles, Pedro n’abandonne pas l’idée de s’ouvrir la voie d’une fortune rapide. Il décide qu’il sera pirate et manoeuvrera à la recherche d’éventuels négriers à déposséder. Il rassemble les marins les plus discrédités de la Havane et constitue un équipage qui possédait de la bravoure et avait la soif de la richesse au fond de l’âme. Mais une nouvelle fois encore, il échoue lamentablement. Il décide alors de viser plus haut. Il sera roi ! Séduit par la fortune de trois négriers métis royalement installés sur les côtes et qui possédaient des barracons remplis de captifs et des harems, tout à coup, « la société des blancs lui était (devenue) odieuse », et il trouve qu’il « était mulâtre dans l’âme » et donc capable de réussir en Afrique. Il s’installe aux Gallinas, multiplie les esclaveries et les contacts avec les rois nègres de la région. Bientôt, le voilà craint et respecté ! Les armes distribuées produisaient des esclaves. Mais la concurrence était rude et les navires abolitionnistes de plus en plus présents sur les côtes d’Afrique… 

L'intérêt du livre :

            Ce qui retient l’attention dans ce livre, c’est tout d’abord la richesse des informations sur le monde marin au 19 è siècle : l’atmosphère des ports négriers européens, la vie sur les côtes africaines où ça et là naissaient des esclaveries pauvres gérées par des naufragés européens, des aventuriers qui rêvaient de devenir riches dans le commerce des esclaves, la guerre des abolitionnistes sur les mers. On apprécie également les nombreuses informations sur la naissance du Libéria et la Sierra Léone ainsi que l’implantation dans ce dernier territoire de prostituées anglaises. Cette foule d’informations jointe à la vie trépidante du héros finit parfois par donner le tournis. Mais quand on relève la tête, on en redemande ! La deuxième chose que le lecteur aura toujours à l’esprit et le confortera dans ses découvertes, c’est que ce livre est le récit de la vie d’un négrier qui a vraiment existé. C’est une « biographie romancée » qui n’a rien à voir avec la supercherie de William Snelgrave (Journal d'un négrier au XVIIIè siècle) qui se disait négrier mais dont on n’a jamais retrouvé les traces dans les archives maritimes ni nulle part d’ailleurs. Toutefois, quelques brefs passages du livre montrent que Lino Novàs Calvo a lu l'auteur anglais et n'est pas resté insensible à certaines de ces peintures de l'Afrique. Enfin, la troisième chose qui ne peut que réjouir le lecteur, c’est le fait que ce livre a été publié pour la première fois en 1933 à Cuba sous le titre Pedro Blanco, el Negrero ;  ce qui prouve sa proximité temporelle avec les événements rapportés. C’est en effet en 1839 que Pedro Blanco quitte l’Afrique. Il avait alors 46 ans. Il mourra en 1854 à 61 ans. Ce qui veut dire qu’au moment de la rédaction du livre, de nombreux acteurs de la traite Atlantique vivaient encore et pouvaient juger de la véracité des faits qui y sont rapportés au moment de sa publication. Enfin, il convient de signaler les notes explicatives très instructives sur les événements historiques de cette première moitié du 19 è siècle ainsi que les grandes dates de l’histoire de cette traite négrière qui sont données à la fin de l’ouvrage. C’est donc assurément un livre qu’on n’oublie pas après l’avoir refermé. 

Raphaël ADJOBI 

Titre : Le Négrier, roman d’une vie, 316 pages

Auteur : Lino Novàs Calvo

Editeur : Autrement Littératures, 2011

6 novembre 2011

Notre paix sera la mort de l'Europe (Réflexion)

                       Notre paix sera la mort de l’Europe    

Partage Afrik 0001            Les nombreux livres sur la traite négrière atlantique que l’on trouve désormais en librairie depuis cinq ou six ans ainsi que l’histoire récente des nations africaines laissent apparaître une constante : la présence de la figure de l’Europe au centre des guerres entre les différents peuples du continent africain. Le schéma de cette relation ou de ce mariage houleux à trois est donc vieux de cinq siècles.

            Certes, l’histoire des autres continents ne révèle pas moins de guerres ou un visage plus pacifique. Certaines guerres portent d’ailleurs leur durée comme nom : Guerre de Sept ans, Guerre de Cent ans. On note aussi que la très grande majorité des héros européens à la gloire  desquels ont été élevées des statues sont des anciens soldats. En clair, ce que les peuples européens magnifient le plus dans leur mémoire ce sont les guerres qu’ils ont dû livrer les uns contre les autres. Cependant une chose est à remarquer : ces guerres sont presque toutes - sinon toutes - des guerres de voisinage avec parfois le soutien d’un autre voisin ou d’un vassal ; mais jamais elles n’ont eu pour instigateur un peuple lointain ayant pour objectif le dépouillement du vaincu et la domination du vainqueur. 

            Outre celles qui peuvent être classées comme des querelles familiales, les guerres européennes étaient donc des guerres d’expansion ou de reconquête territoriale. On cherchait ça et là à sécuriser les voies d’accès aux richesses (la route de la soie, des épices). Rome a étendu sa domination à l’est jusqu’au Moyen-Orient et à l’ouest jusqu’en Gaulle. Au 19è siècle, Napoléon s’est fait sienne cette même visée expansionniste avant d’être définitivement défait par les Anglais. Il faut dire que déjà, les peuples commençaient à se reconnaître dans des frontières nationales. Et c’est justement ce sentiment national qui va peu à peu construire la paix entre les peuples et faire apparaître le caractère injuste des guerres. C’était déjà le sentiment d’une entité nationale agressée qui souleva les Madrilènes contre Napoléon au 19è siècle ; et c’est ce même sentiment qui, au 20è siècle, mit fin à l’avancée du nazisme qui voulait renouer avec les guerres d’expansion romaine et napoléonienne. 

            Quant aux guerres africaines, telles qu’elles nous apparaissent dans les récits oraux qui nous sont parvenus, elles obéissaient au départ au même schéma que les guerres traditionnelles connues à travers la terre entière. Elles étaient aussi le fait de querelles familiales, de voisinage ou d’une volonté d’expansion pour asseoir sa puissance et jouir d’un plus grand prestige. Dominer le monde était et reste le rêve de tous les puissants. 

            C’est à partir du 16è siècle que l’Afrique ne va plus connaître ce schéma classique de la guerre. Désormais, un acteur étranger, l’Européen, tel un dieu au-dessus de la mêlée, va sillonner ce continent, piquer l’un, flatter l’autre, pour entretenir les litiges et faire naître des raisons de mener des guerres. Il est même étonnant de lire dans tous les livres traitant de l’esclavage des nègres à quel point les négriers européens vivaient dans la hantise de voir la paix s’établir entre les peuples africains. Ce court extrait de la lettre du représentant en Afrique de la Compagnie du Sénégal adressée à Paris lors des querelles de successions après la mort du roi de Cayor illustre bien cet état d’esprit général : « Et comme ces deux frères ne sont pas toujours unis pour agir par un même principe et selon leurs intérêts communs, il sera facile au Directeur particulier de Gorée de les entretenir de manière que quand l’un voudrait le mauvais et interdire le commerce (des esclaves), on soit sûr de le faire avec l’autre et même l’engager dans nos démêlés particuliers […]. Surtout, il faut empêcher que ces deux couronnes ne soient jamais sur une même tête. » (1) En d’autres termes, il faut éviter que les deux princes parviennent à s’entendre et vivent dans la paix ! Voilà la devise « diviser pour régner » érigée en principe politique.  Et pour éviter la paix entre les nègres, comme le dit si bien Lino Novàs Calvo dans Le Négrier, Roman d’une vie (éditions Autrement Littérature), « l’important était de corrompre les chefs puis de leur fournir des armes – car les armes produiraient la guerre » et la guerre le commerce des esclaves. C’était aussi simple que cela ! 

            En lisant ces lignes, le lecteur d’aujourd’hui se dit sans doute : « Quelle horreur ! Quelle attitude criminelle ! » Devant ces cris d’indignation, je me dis alors : posons-nous la question de savoir pourquoi l’Europe pérennise une pratique que la conscience humaine moderne nourrie d’humanisme considère comme une injustice, voire un crime. Quel est cet intérêt supérieur à la conscience humaine qui nous fait applaudir les opérations de nos soldats en terres étrangères comme dans les siècles passés ? 

            Quand nous sommes en paix et qu’aucun ennemi ne nous menace, quel intérêt peut nous inciter à prendre les armes contre l’autre ? Il me semble que seul cet instinct animal singulier dont l’homme est doué et dont il abuse et qui s’appelle la peur du manque ou le désir de toujours vouloir plus - que certains nomment complaisamment « la prévoyance » - peut expliquer cette course à l’appropriation des biens d’autrui. « Le rôle d’un président, dit Barack Obama, c’est de veiller à ce que son pays ne soit pas en manque des ressources qui lui sont nécessaires ». Par ces quelques mots, le président des Etats-Unis d’Amérique traduit la préoccupation de tous les occidentaux : la course aux ressources minières et énergétiques des pays non industrialisés. Que chacun comprenne une fois pour toutes que pour les occidentaux, les autres peuples sont là pour pourvoir aux besoins de la société de consommation !     

            Pendant deux ou trois décennies, tout le monde a cru que l’humanité tout entière était entrée dans une ère de fraternité irréversible et que par elle la justice s’établirait entre les nations. Or, aujourd’hui, les pompes aspirantes jetées sur les pays pauvres au 19è siècle menacent de se déconnecter des sources d’approvisionnement. L’Occident menace donc ruine, se dit-on, si ses besoins en matières premières et en énergies de toutes sortes ne sont pas garantis. Il devient par conséquent urgent de forcer l’Afrique qui en dispose en quantité considérable à les céder à ceux qui en ont besoin. Son développement à elle peut attendre. 

             Alors, pour y parvenir, on remet au goût du jour le caractère juste des guerres.  Comme dans la fable du « Loup et l’Agneau » de La Fontaine, on invente tant bien que mal des arguments justificateurs : tel menace la sécurité de l’Europe ; tel autre est un dictateur qui maltraite son peuple ; celui-là n’est pas assez démocrate. Et voilà l’Europe repartie pour resserrer l’étau de sa domination de l’Afrique acquise au 19è siècle alors que les Africains croyaient qu’il se desserrerait progressivement et sûrement au nom de l’indépendance des peuples à s’assumer eux-mêmes. Hier, les guerres africaines menées à l’instigation des Européens produisaient des esclaves ; aujourd’hui, les guerres menées sur ce continent produisent des matières premières à vil prix. 

DSCF0485              Devant cette désillusion, que reste-t-il à l’Afrique comme moyen d’action pour la reconnaissance de son intégrité ? Comme l’appelait de ses vœux l’ancien président de l’Afrique du Sud, M. Thabo Mbeki, il faut que dans tous les pays africains, les peuples s’organisent dans des manifestations gigantesques pour crier leur indignation et leur refus du sort que leur réservent les puissants de ce monde. C’est la façon la plus claire de lancer à la face des peuples de la terre, en particulier ceux d’Europe, un vibrant appel au réveil de leur conscience face aux crimes commis en leur nom. Au regard des « mouvements des indignés » qui se multiplient dans les sociétés occidentales, on peut croire que les peuples de l’Occident sont prêts à comprendre l’Afrique si celle-ci lançait à son tour un grand cri d’indignation contre la prédation dont elle est victime. Mais pour cela, il faut absolument que l’Afrique elle-même se réveille. Cela suppose qu’elle retrouve une grande unité et une grande solidarité dans ses revendications à l’égard de l’Europe. Si l’Afrique continue à faire la morte, rien ne changera ; quand elle se réveillera, l’Europe tremblera.               

1.   Labat (R.P.), Nouvelle Relation de L’Afrique Occidentale, T. IV, p. 250 ; cité par Tidiane Diakité in « La traite des Noirs et ses acteurs africains », p. 102.

Raphaël ADJOBI

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