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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
28 mars 2019

Louer une exposition sur l'esclavage ou l'histoire des Noirs de France

                                  Louer une exposition

               pour animer sa ville ou son établissement

            L'association La France noire, créée en 2015 pour promouvoir la contribution des Noirs à l'Histoire de France, dispose aujourd'hui d'une belle exposition pédagogique en deux parties pouvant constituer une excellente animation pour les municipalités.

            Pour en savoir davantage, prenez contact avec nous. Prenez aussi le temps de visiter notre site pour juger de la qualité de notre travail. Les trois thématiques qui le composent peuvent être retenues séparément : a) Les résistances africaines à la traite et les luttes des esclaves pour leur liberté dans les Amériques ; b) Les Noirs illustres et leur contribution à l'histoire de France ; l'invention du racisme et la négation des traces de l'homme noir dans l'histoire de l'humanité.

Contact : 06.82.22.17.74/lafrancenoire@orange.fr/ www.lafrancenoire.com  

Les sponsors (Extérieur du déplaint)

Affiche 2e Expo modifiée

Dépliant 3 définitif

 

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25 mars 2019

Toutankhamon le nègre ou le passé des Noirs et la fortune des Blancs

                                Toutankhamon le nègre

              ou le passé des Noirs et la fortune des Blancs

La momie de Toutankhamon

            L'exploitation abusive de la belle image du couvercle du sarcophage de Toutankhamon a fait de lui le pharaon le plus célèbre de notre temps. Ce parti pris qui laisse de côté tous les autres dirigeants de l'Egypte ancienne et de Koush (le Soudan actuel) auxquels leurs peuples ont dressé d'immenses sculptures et de somptueuses tombes en forme de pyramide n'est sûrement pas conforme à la renommée de l'homme dans l'histoire de ce royaume ancien. La qualité de conservation de la couverture de son sarcophage n'est nullement la preuve qu'il a été le meilleur de tous les pharaons ou le plus aimé.

Grande image

            Mais, au-delà de l'exploitation de l'image de ce pharaon, c'est l'idée que les Européens véhiculent depuis un siècle qui est écœurante. De même que les manuels scolaires et les livres d'histoire donnent l'impression que les châteaux d'Europe sont tombés du ciel, par miracle - parce qu'il n'est jamais fait mention des mains des paysans et des esclaves ou serfs qui les ont édifiés en maîtrisant de multiples techniques - de même ce pharaon semble ne pas avoir eu de peuple libre et donc pas de racine attachée à la terre d'Afrique. Oui, aujourd'hui, dans la conscience collective des Européens, l'Egypte semble ne pas faire partie du contient Africain. Et tout cela pour laisser croire qu'un tel homme ne peut être qu'un Blanc ! Soucieux de s'approprier le passé de ce royaume ancien, ils négligent son environnement géographique et humain. Tous les concepteurs des manuels scolaires et presque tous les historiens européens ont, pendant longtemps, travaillé à faire croire que les pharaons sont blancs et leurs peuples des esclaves noirs. 

Trois et une peinture

Egypyte tombe Toutankhamon

            En procédant ainsi au blanchiment de l'Egypte ancienne, les Européens ont réussi à faire de Toutankhamon une rente financière. En excluant sa négritude que dévoile sa momie et en ne présentant que la belle image du sarcophage, ils l'ont rendu acceptable aux yeux de tous les Blancs qui peuvent s'identifier à lui et l'inclure à leur histoire. Des livres, des statuettes représentant l'image du sarcophage se vendent parce que les Blancs ne le voient pas comme un nègre ! Et pourtant, c'est un nègre ! Et c'est sur ce passé nègre que prospère aussi aujourd'hui la population arabe qui occupe ce coin d'Afrique depuis le VIIe siècle de notre ère ; une population au physique gras et bedonnant n'ayant rien à voir avec les Egyptiens aux traits fin comme les populations noires actuelles de l'Ethiopie, de la Somalie, du Soudan, du Niger ou du Kenya où vivent les Masaïs. Non, l'environnement de l'Egypte a rarement compté pour les chercheurs européens. C'est d'ailleurs cet esprit négationniste qu'avoue Laurent Bavay, directeur de l'Institut français d'archéologie orientale : «Aujourd'hui, nous ne sommes plus à la recherche de trésors [...] Nous cherchons à comprendre la civilisation égyptienne, sa culture, son économie ou son rapport à son environnement» (entretien publié sur le site de France inter le 24 mars 2019). En effet, l'approche analogique a toujours fait faire des progrès à la science. Mais concernant l'Egypte pharaonique, les Européens ont toujours exclu cette méthode de travail. Il ne fallait surtout pas chercher à établir un lien éventuel entre la culture des populations noires d'Afrique et l'espace appelé Egypte ancienne. Non, il ne fallait pas accorder de l'importance aux Noirs des environs en établissant un lien quelconque entre leurs cultures et celle de l'Egypte ancienne. 

Egypte ancienne 4

            Assurément, les Européens ont commis deux erreurs dans leur approche de l'histoire de l'Afrique. D'une part, en l'absence de traces écrites parmi les Noirs, ils ont décrété que ceux-ci n'avaient pas d'histoire ; par conséquent, la seule histoire qui mérite d'être enseignée à leurs yeux est celle de la conquête et de leur "œuvre" coloniale. En d'autres termes, comme le disent si bien Pierre Boilley et Jean-Pierre Chrétien (Histoire de l'Afrique ancienne VIIIe - XVIe siècle, documentation photographique) , les Blancs enseignent en réalité l'Histoire de l'Europe en Afrique et non l'histoire des Africains eux-mêmes. D'autre part, éblouis par l'Egypte ancienne, les Européens ont pris soin de l'isoler de ses racines africaines pour se complaire dans la contemplation de ses monuments et objets divers au lieu de l'étudier dans son milieu géographique et humain. Voici une conférence édifiante sur la falsification de l'histoire des Noirs et particulièrement de l'histoire de l'Egypte ancienne : https://www.youtube.com/watch?v=p6zv3NXRfLg&feature=share&fbclid=IwAR1fmz7X_2cmyaHIOwUv9AMyW5psjw_aJo8d1Pi_eM5tkXvLSs9XcroEv4o  

Images et texte 2

Raphaël ADJOBI

15 mars 2019

Noire n'est pas mon métier (Ouvrage collectif sur une idée d'Aïssa Maïga)

                       Noire n'est pas mon métier

                  (Ouvrage collectif sur une idée d'Aïssa Maïga) 

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            Dans la société française, il y a une réalité qui n'est jamais prise en considération par nos institutions et donc par nos autorités pour mener des actions pédagogiques et politiques contre le racisme : plus l'enfant noir grandit, plus il voit les barrières des classes sociales s'affirmer et de nouvelles frontières s'ériger (Eye Haïdara). Personne ne se soucie de ce fait ! Sans doute, le traitement ethnique à géométrie variable des maux dans notre république oblige. Et comme l'ignorance des héritages esclavagiste et colonial de la France s'est généralisée, les Noirs semblent être aux yeux des Blancs des immigrés auxquels ils peuvent sans aucun scrupule fermer les portes en cas de recherche d'un logement ou d'un emploi ; ainsi notre pays s'est installé dans ce que l'on appelle cyniquement le racisme ordinaire. Par le biais de multiples expériences, Noire n'est pas mon métier veut nous ouvrir les yeux sur l'impact de ce racisme ordinaire dans le monde artistique.

            La lecture de certaines expériences de ce livre nous donne le sentiment que de nombreux compatriotes blancs qui occupent un poste de décision sont pétris, allaités, quotidiennement nourris aux préjugés au point que, selon eux, le corps d'une femme noire est voué à être érotisé. La figure d'une Noire les renvoie systématiquement à une batterie d'objets, d'animaux, de fonctions sociales déterminées (Maïmouna GUEYE). Quant aux enseignants, ils ne voient pas les jeunes filles noires opter pour une carrière d'avocate ou de médecin ; surtout pas la danse classique ou le théâtre. Ils les dissuadent immédiatement d'emprunter ces voies. Aujourd'hui, la coryphée (chef de chœur) métisse Letizia Galloni reste une exception dans le ballet de l'Opéra de Paris. «A son arrivée à la tête du ballet de l'Opéra  de Paris en 2014, Benjamin Millepied avait fustigé l'absence de danseurs noirs, arabes ou asiatiques au sein de la troupe, et regretté les résistances empêchant de faire évoluer le recrutement» (Lucas Armati, Télérama). Quant au cinéma français, il produit plus de trois cent films chaque année et une multitude de séries télévisées ! «Et pourtant, il subsiste un vide retentissant en termes de représentation de la réalité sociale, démographique, ethnique française», constate Aïssa Maïga. Aussi elle s'interroge : «comment les réalisateurs et les réalisatrices observent-ils ce vide ? En ont-ils conscience ? Se sentent-ils en phase avec la société dans laquelle ils vivent ? » 

            On peut être reconnaissant à toutes ces femmes qui témoignent ici du sexisme, du racisme et des multiples clichés entretenus dans les milieux artistiques, freinant ainsi leur émergence sur la scène publique. Des témoignages précieux pour les futures générations de Noires qui voudront réaliser leur rêve de jeune fille. Elles sauront que le racisme n'est jamais perçu comme méchant par les Blancs puisque ce n'est jamais eux qui le subissent. Sans doute, pendant longtemps, elles entendront les plus imbéciles leur dire «c'était pour rire», ou «je ne suis pas raciste», ou encore «comment peux-tu penser que je suis raciste, je suis juif» (Nadège Beausson-Diagne). Mais au moins elles sauront à quoi s'attendre et auront préparé des armes pour avancer plus hardiment.  

Raphaël ADJOBI     / Faites un don à La France noire

Titre : Noire n'est pas mon métier, 118 pages

Auteur : Ouvrage collectif sur une idée d'Aïssa Maïga

Editeur : Editions du Seuil, mai 2018.

4 mars 2019

Les Noirs, la Liberté et le Panafricanisme (Une réflexion de Raphaël ADJOBI)

         Les Noirs, la Liberté et le Panafricanisme

                            (Une réflexion de Raphaël ADJOBI)

Les sous-préfets de la France

            Commençons par un trait d'humour : deux africains furent fait prisonniers. On enchaîna l'un à un pieu dans une cour et on enferma l'autre dans une petite cellule, derrière une grille. On profita de leur sommeil pour dessiner des chaînes fictives à la place des chaînes réelles qui retenaient le premier et on déverrouilla la grille de la cellule du second. Pendant deux jours, l'un et l'autre demeurèrent dans leur posture initiale attendant patiemment l'arrivée de leur geôlier pour les libérer. 

            En ce début du XXIe siècle, très nombreux sont les Africains noirs - surtout les gouvernants francophones - qui sont dans l'une ou l'autre des deux situations. L'Afrique francophone est en effet semblable à une immense salle d'attente où sont entassés des êtres qui n'ont rien à faire ensemble et qui passent leur temps à se regarder sans savoir quelle posture prendre en attendant de savoir ce que le Blanc compte faire d'eux. Pire, quand le maître blanc vient à clamer qu'ils sont libres, certains paniquent et lui crient : «Maître, mais qu'allons-nous faire de toute cette liberté ? » D'autres lui proposent même un nouveau contrat : «Gardez-nous sous votre joug jusqu'à ce que nous soyons prêts pour nous assumer librement ! »       

            La liberté, cette porte ouverte sur le vide et l'incertitude, est de toute évidence la grande hantise des Africains francophones. Ainsi, devant l'autonomie monétaire que préconisent ceux qui veulent sortir de l'emprise du Franc CFA, certains paniquent ! Partir de rien pour forger son propre avenir quand on jouit des miettes octroyées par une puissance étrangère leur paraît une entreprise extrêmement périlleuse. Alors, depuis quelques années, ils ont fait de ce chapitre de leur histoire un sujet de longs débats et de consultations auprès des autorités françaises détentrices de cette monnaie. Inutile de leur rappeler que «quiconque est digne de la liberté n'attend pas qu'on la lui donne ; il la prend» (Madeleine Pelletier, psychiatre, militante féministe). Car la dignité, ils ne savent pas ce que c'est ; elle n'entre nullement dans leurs considérations.

            Plus de soixante ans après l'indépendance, des hommes politiques africains viennent en Europe chercher la caution française au moment de briguer la présidence de leur pays. Et, en cas d'échec de leur prétention, ils n'hésitent pas à faire appel à l'intervention militaire française pour les installer au pouvoir : Alassane Ouattara en Côte d'Ivoire (2010), Jean Ping au Gabon (2016), Martin Fayulu en RDC (2018) ne nous contrediront pas. Force est de constater que le Noir francophone a rarement fait sien l'idéal de liberté prôné par Jean de La Fontaine dans la fable "Le loup et le chien". Dans ce célèbre récit, en réponse à son compère domestique qui vient de lui vanter brillamment les bienfaits de la servitude afin de l'exhorter à quitter une vie de liberté semée d'aléas, l'animal sauvage déclare fermement : « (Je) ne voudrais pas même à ce prix un trésor». Oui, la faim, le tâtonnement, la souffrance, sont des aléas attachés à la Liberté ! Mais il n'y a pas de vie pleine et entière sans liberté parce que c'est justement dans cet état que l'homme se réalise pleinement dans les contingences de la vie terrestre. Tous ceux qui n'auront pas connu cet état ou fait cette expérience ne devront jamais dire qu'ils ont vécu. Vivre dans une totale sécurité sans jamais mettre le pied hors du sillon que nous avons trouvé en entrant dans la vie, sans mettre le nez hors du logis qui nous est donné, sans entreprendre quelque projet hors du giron de l'héritage, vivre ainsi est synonyme d'une vie de servitude. 

De Gaulle et ses Africains

            Au regard de l'analyse que nous venons de faire, chacun peut aisément comprendre pourquoi le Panafricanisme, qui a émergé sur la scène internationale avec le succès progressif de la solidarité des Noirs américains autour des droits civiques, n'a jamais connu aucune victoire significative en terre africaine. Sur les navires négriers et dans les Amériques, le panafricanisme est parti de la base, s'est forgé dans les souffrances des hommes pour s'exprimer en révoltes, insoumissions et revendications civiles. En Afrique, le panafricanisme est parti du sommet, des sphères intellectuelles, et peine à embraser les désirs des populations qui souffrent. Pour que triomphe le panafricanisme dans les rangs des Africains francophones, il faut nécessairement que les combattants qui acceptent les aléas liés à la Liberté soient plus nombreux que les amoureux de la jouissance dans la servitude. Car, contrairement à ce que l'on pourrait croire, les Africains noirs d'aujourd'hui semblent s'accommoder plus facilement de la servitude que leurs ancêtres qui ont connu le tourment de la captivité à bord des navires négriers. Ils mènent une vie pleine d'espoir mais vide de courage. Or sans le courage, l'espoir n'est rien.  

                    Le panafricanisme à bord des bateaux négriers

            Je partage avec Marcus Rediker - auteur de A bord du négrier - l'idée que «l'Afrique de l'Ouest est l'une des zones linguistiques les plus riches au monde». Croire qu'à bord de chaque navire négrier embarquaient des individus parlant des langues diverses vers le Nouveau monde est donc une vue tout à fait réaliste. cependant, comme le fait remarquer avec justesse Markus Rediker, alors que «chaque navire contenait en son sein un processus de dépouillement culturel venant d'en haut», ce mouvement se heurtait immanquablement à «un processus de création culturelle venant d'en bas». Les révoltes, la multiplication des suicides après chaque rébellion avortée ainsi que le refus de s'alimenter, toutes ces réponses collectives à l'incompréhensible captivité sont aux yeux de l'historien américain un mystère : «comment un groupe multiethnique de plusieurs centaines d'Africains a-t-il pu apprendre à agir collectivement» sur de nombreux navires négriers alors qu'ils ne bénéficiaient jamais de l'expérience des précédents captifs, se demande-t-il ? Comment cette solidarité multiethnique a-t-elle été possible alors que ces hommes savaient qu'à terre ils étaient dressés les uns contre les autres par les Blancs et que logiquement chacun devait regarder son voisin comme l'auteur de son infortune ?

            Il convient de reconnaître que c'est véritablement là, sur les navires négriers, que les Noirs ont expérimenté le panafricanisme. Avant de constituer de petites communautés de fugitifs sur le continent américain, ils avaient appris, individuellement puis collectivement, à transcender les maux qui les déchiraient sur la terre d'Afrique pour constituer un corps uni contre l'adversité qui s'acharnait à les déshumaniser. 

            Alors qu'aujourd'hui les Africains francophones, satisfaits des miettes que leur jettent les Français, sont incapables d'entreprendre collectivement le moindre mouvement de boycott, les captifs africains avaient, sur les navires négriers, initié les combats qu'ils allaient mener inlassablement sur le continent américain durant des siècles pour accéder à la liberté totale et à l'obtention des droits civiques au même titre que les descendants de leurs bourreaux. Voici ce que Marcus Rediker dit de ce boycott : «La traite atlantique fut en de nombreux sens une grève de la faim de plus de quatre cents ans. Des balbutiements du commerce de corps humains au début du XVe siècle jusqu'à son terme à la fin du XIXe siècle, les Africains asservis refusaient régulièrement de manger la nourriture qui leur était offerte». Or, la principale mission de chaque capitaine était de parvenir à bon port avec des corps vivants et en bonne santé. «Refuser de se nourrir était par conséquent avant tout un acte de résistance, la source de quasiment tous les autres. Ensuite, ce refus s'avéra être une tactique de négociation relativement efficace : de mauvais traitements pouvaient à tout moment déclencher une grève de la faim. Enfin, ces grèves de la faim contribuaient à créer à bord une culture commune de la résistance, un "Nous" contre un "Eux". Elles envoyaient donc plusieurs messages en même temps : nous ne serons pas votre propriété ; nous ne serons pas votre force de travail ; nous ne vous laisserons pas nous dévorer vivants». 

            Prétendus panafricanistes d'aujourd'hui, où est votre culture commune de la résistance ? Et quels sont les messages à l'adresse de la France que véhicule cette culture commune ? Tant que la France ne verra pas apparaître concrètement une culture d'un "Nous" contre un "Eux", elle n'a aucune raison de modifier sa posture ou sa politique. C'est la leçon que vous ne devez jamais perdre de vue ! 

Raphaël ADJOBI

1 mars 2019

Femmes noires, osez le chic des cheveux crépus ! (Raphaël ADJOBI)

Femmes noires, osez le chic des cheveux crépus !

Cheveux crépus 7

            Femmes noires, ne craignez pas de vous mettre en valeur ! Pour triompher des pudeurs qui vous assaillent, osez le naturel et accédez au chic, c'est-à-dire «à la distinction élégante des personnes libres, désinvoltes et raffinées» (Michel Pastoureau, L'étoffe du diable, Seuil 1991). Inversez le code social qui constitue à vos yeux un handicap ou une infériorité et faites-en une promotion.

            Ces propos ont peu de chance d'être lus par beaucoup de femmes noires françaises, européennes et africaines qui portent des perruques aux cheveux raides, pour la simple raison que les Noirs qui lisent sont peu nombreux. En France, rares sont ceux qui fréquentent les librairies, les bibliothèques ou achètent des livres une fois qu'ils ont quitté les bancs de l'école. Aussi, femmes et hommes noirs sont inaccessibles aux campagnes de sensibilisation. Ce texte n'est en définitive qu'une "bouteille à la mer" parmi tant d'autres jetées sans jamais avoir rencontré une main pour en faire sienne.  

Cheveux crépus 3

            J'ignore s'il y a des hommes qui apprécient de voir des femmes noires emperruquées, et particulièrement leur compagne. En tout cas, ce déguisement capillaire est affreux parce qu'il produit toujours quelque chose d'étrange sur le visage de celle qui le porte. Si ces femmes attirent souvent le regard, ce n'est point le fait de leur beauté mais celui de leur étrangeté. On se demande toujours ce que peut penser une tête noire cachée sous des cheveux raides qui, de toute évidence, ne lui appartiennent pas. Aucune femme noire portant une perruque avec des cheveux de personnes blanches n'est belle ! Elle est tout simplement étrange, une bizarrerie dans le paysage des êtres naturels.

Cheveux crépus 4

            Dans son livre Elever des enfants noirs ou métis chez les Blancs, Annick DZOKANGA se demande avec raison comment ces femmes emperruquées vivent-elles leur identité noire ? Et elle ajoute : «Quelle portion de dignité, de fierté pourront-elles donner à leurs enfants, quand elles seront, à leur tour, en âge de procréer ? Comment, en tant que mères, seront-elles capables de transmettre le sens de l'amour-propre, du respect de soi à leurs enfants si elles n'ont pas réglé leurs propres complexes ? Pourront-elles coiffer sereinement et avec amour les cheveux crépus de leurs fillettes si elles n'ont pas, elles-mêmes, pacifié leurs relations avec leurs propres cheveux ?»

Cheveux crépus 6

            C'est à vous, "beautés emperruquées", que la question est posée : où en êtes-vous avec votre identité noire ? D'autre part, en matière de beauté capillaire, l'inspiration, l'inventivité et la créativité ne seraient-elles pas noires ? Les images qui accompagnent ce texte suffisent pour démontrer que si.

Cheveux crépus 5

Raphaël ADJOBI

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