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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
18 décembre 2010

Françafrique, 50 années sous le sceau du secret (un film de Patrick Benquet)

                                       Françafrique

                        50 années sous le sceau du secret

 

 

Fran_afrik_0001            Au moment où en Côte d'Ivoire, enfermé dans son hôtel, un homme politique africain attend avec impatience que la France et les Etats-Unis - par le biais de l'Onu - l'installe sur le siège de la présidence de la république, au moment où cet évènement nourrit les opinions les plus diverses et divise les Africains autant que les Européens, voilà que Patrick Banquet sort un film d'une effroyable vérité sur les relations que la France entretient avec les dirigeants de ses anciennes colonies depuis cinquante ans. Des relations au parfum de pétrole qui n'ont cessé d'ensanglanter l'Afrique, des relations dans lesquelles les chefs d'états africains éprouvent de plus en plus de plaisir à jouer les premiers rôles.

 

            Dans ce film magnifique en deux parties, la liberté de parole des anciens acteurs de l'exploitation abusive et de la manipulation sans scrupule des dirigeants noirs surprend et charme à la fois. Tous, formés à l'école de Jacques Foccart ou trempés dans le pétrole avec ELF, sont superbes dans leurs habits d'anciens vautours chargés par l'état français - qui feignait et feint toujours de les ignorer - de saigner le continent noir au nom de l'indépendance énergétique de la France seul moyen de tenir son rang dans le concert des grandes nations du monde. Les différents coups d'états de l'histoire de l'Afrique de ces cinquante dernières années ressemblent ici à des jeux d'enfants diaboliquement orchestrés où les chefs d'états africains sont des marionnettes presque risibles. Les coups d'état africains, « la France les combat, les tolère ou les provoque ». En d'autres termes, en Afrique, aucun mouvement de rébellion, aucun chef d'état n'est parvenu au pouvoir sans l'aide ou la bénédiction de la France. C'est tout cela que montre la première partie du film intitulée La raison d'état.

 

           Peu à peu, les « marionnettes africaines » de la France se transforment en véritables « complices sans état d'âme du pillage de leur pays ». Avant comme après la privatisation de Elf, les gouvernants africains vont amasser des fortunes plutôt que de se préoccuper du sort de leur peuple. Ils s'y prennent si bien que leur richesse les autorise à intervenir dans le jeu politique de la France en choisissant ou révoquant des ambassadeurs, en imposant tel ou tel comme ministre chargé de la relation avec l'Afrique, et parfois même plus que cela. On croit rêver. D'où le titre de la deuxième partie du film : L'argent roi. Mais c'est dans ce contexte où les enjeux électoraux africains sont dessinés selon le patron des volontés élyséennes qu'un homme est apparu sur la scène politique francophone de manière absolument inattendue pour la France : Laurent Gbagbo ! Un homme politique de l'une des anciennes colonies qui parvient au pouvoir sans que la France ait misé sur lui ne peut qu'être un effronté. Non seulement il ne sollicite pas la bénédiction de la France, mais en plus c'est avec lui que l'ancienne puissance colonisatrice est pour la première fois conspuée en Afrique. Pour la première fois, sur ce continent, après cet homme, d'autres gouvernants noirs parlent de « donnant donnant » en affaires transformant ainsi le président des Français en simple représentant de commerce pour les entreprises françaises en Afrique.

 

            La fin du film semble donc montrer qu'une nouvelle ère est née pour l'Afrique. Malheureusement, peut-être par manque de confiance en elle ou animée par la peur inconsciente de l'opprimé, elle n'ose pas saisir l'occasion pour s'émanciper davantage. Tout laisse croire qu'un peu de cohésion et de solidarité lui ferait prendre conscience du poids de son pouvoir. Vous connaissiez la françafrique par les livres ; la voici désormais en images pour vous emporter au-delà de l'imaginable.    

 

° Pour acheter le DVD (6,40 €, frais de port compris) : Nouvel Observateur, 10/12 Place de la Bourse, 75002 Paris.Tel : 01.40.26.86.13

 

Raphaël ADJOBI

 

Titre : Françafrique, 50 années sous le sceau du secret (Film)

Auteur : Patrick Benquet

 

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Commentaires
M
Sur ce point nous sommes tous d'accord pour le déplorer, maintenant que faire face au tohu bohu de l'oligarchie? <br /> C'est là où nous devons avoir de la retenue et du recul pour pouvoir faire émerger d'autres façons de penser.
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A
Mouélé Kibaya, je suis globalement d'accord avec toi. Tout a commencé avec De Gaulle qui s'est comporté en militaire jusqu'à sa disparition. Après son entourage s'est retrouvé dans les gouvernements qui ont suivi... et les mauvaises habitudes ont perduré.<br /> Je dirai, pourquoi toutes ces compromissions pour à l'arrivée réaliser un très faible pourcentage de notre commerce extérieur. Vous imaginez que s'il est de 5% pour la totalité de l'Afrique, il doit être aux environs de 1% (peut-être moins)pour la RCI, je n'ai pas les chiffres.<br /> Comme je l'ai écrit plus haut l'arrivée de nouveaux partenaires devrait rééquilibrer la balance, mais et je me trompe peut-être, la France va perdre du poids en Afrique. <br /> En même temps si le commerce France/RCI se situe bien aux environs de 1%, la part du "gateau" de la France en RCI est vraiment minime ! C'est donc bien que le Commerce extérieur de la RCI se fait avec d'autres pays et que la RCI est totalement libre de ses choix.<br /> Je me trompe ??
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M
Justement mon cher Alenya, le commerce entre la France et l'Afrique subsaharienne ne représente que 5%? c'est là où les gouvernants français à cause de leur idéologie se trompent largement.<br /> Au lieu de se demander pourquoi ce commerce n'est qu'à 5% et comment faire pour le développer, ils continuent à se croire à l'époque coloniale.<br /> Figurez-vous que si ces derniers se débarrassaient de leur complexe ils verraient bien que la France à cause de l'histoire et de la communauté de langue avait un marché potentiel de près de 250 millions de consommateurs. Il suffisait que la France se comporte en partenaire, qu'elle abandonne son idéologie de la mafia et de l'oligarchie.<br /> <br /> Vous savez l'élite politique française s'en fout des petites et moyennes entreprises, au contraire des Allemands qui s'en préoccupent. C'est pourquoi il y a la crise en France. Les gouvernants travaillent pour les entreprises du CAC 40, pas pour le peuple.<br /> C'est pour ça donc je disais que le commerce entre l'Afrique subsaharienne est à 5%. Les seules entreprises qui font ces 5% du commerce sont Bouygues, Total, Bolloré, toutes du CAC 40, ces entreprises ont déjà délocalisé en ASIE.<br /> <br /> Côté agricole, c'est maintenant aussi la bourse qui fait la loi. Et du fait aussi du niveau du pouvoir d'achat très bas des populations africaines, les agriculteurs français qui ne vendent pas directement leurs produits sont hors compétition face aux produits asiatiques et américains.<br /> Si depuis 50 ans la France avait agi vis-à-vis de ses anciennes colonies comme elle agit depuis 1982 vis-à-vis de la Grèce, de l'Espagne et du Portugal, aujourd'hui elle se porterait bien car si les populations africaines avaient augmenté leur pouvoir d'achat, elles achèteraient facilement les produits français. Mais ayant agi de manière idiote à cause du postulat racial, elle s'est tirée une balle dans le pied. <br /> Et tant qu'elle continuera à agir ainsi, elle déclinera. Ce n'est pas avec le larbinisme de Sarkosy que les choses vont s'arranger.<br /> C'est pourquoi si la France veut s'aider, elle doit cesser d'agir comme elle le fait, et pour éviter tout soupçon elle devra dorénavant agir pareil en l'endroit de tous les pays africains : cessez de soutenir les dictateurs et laisser les Africains régler entre eux leurs problèmes. Dans le cas ivoirien elle aurait du adopter la discrétion et l'apaisement ne pas chercher l'affrontement.
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A
Comme vous, je déteste le comportement de la France en Afrique et je vois que vous faites bien la différence entre la France et les Français. Il faut toutefois souligner que les Compagnies Françaises n'exploitent pas les richesses de la RCI sans contrat signé au préalable avec le Gouvernement soit Gbagbo jusqu'à présent et c'est bien lui Président qui a attribué la construction du 3è pont à Bouygues... et qui dit contrat dit paiement de royalties à la RCI. En plus ces compagnies multinationales comme Bouygues, Total, payent des impôts sur place.<br /> Il faut en outre remettre les choses en place, le commerce de la France en Afrique du Nord et sub-Saharienne ne représente en totalité pas plus que 5% du commerce extérieur de la France et encore en Afrique les principaux partenaires sont le Maroc et l'Algérie.<br /> C'est difficile à admettre, je sais, mais les chiffres sont là.<br /> Le film "Françafrique" aura le mérite de montrer que la France est une démocratie quand même. Si vous avez loupé les épisodes, ils sont disponibles sur http://www.pluzz.fr puis l'onglet de la 2 et taper "Infrarouge"...<br /> Nous suivrons les évènements à venir... en espérant que la situation en RCI s'apaisera.
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M
Bien dit mon ami on ne critique pas les Français, mais la politique des gouvernants français qui est au service d'une oligarchie.<br /> <br /> C'est le larbinisme de Sarkosy qui est en jeu.<br /> Et puis qui a dit que la Cote d'Ivoire est une propriété française? Les Ivoiriens ont droit d'acheter là où ils veulent que ça soit en France ou en Chine. Si les Chinois sont moins chers et compétitifs pourquoi s'en priver?<br /> <br /> Les fêtes de fin d'année qui arrivent avec la crise en France verront les français acheter en grande masse made in China, alors pourquoi quand il s'agit d'Africains c'est non? <br /> <br /> Non Alenya, nous ne sommes pas des esclaves de la France<br /> <br /> Nous sommes libres même si parmi nous il y a encore des esclaves
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