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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
17 décembre 2012

Les tueries par arme à feu : l'Amérique récolte ce qu'elle a semé

                           Les tueries par arme à feu :                        

                  L'Amérique récolte ce qu'elle a semé 

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            « De 7 à 17 ans, les fusils Daisy feront de vos Noëls des moments inoubliables », clame une publicité américaine pas très ancienne. Mais, en cette année 2012, il est certain que la dinde de Noël aura un goût de chair humaine dans de nombreuses demeures du pays de l'oncle Sam.           

            « L'Amérique pleure ses enfants et se demande "pourquoi ?" » C'est ce que l'on lit et entend çà et là. L'Amérique chercherait-elle vraiment à comprendre ce qui lui arrive ? Absolument pas. On ne peut nullement croire à ces interrogations de circonstance. 

            En juillet dernier, après la fusillade qui a suivi la première du film Batman à Aurora, dans une banlieue de Denver, et qui a fait 12 morts et 58 blessés, nous avons eu droit aux mêmes questions et aux mêmes lamentations. Cette fois, à une semaine de Noël, ce sont 20 enfants et 6 adultes qui sont les victimes d'un jeune de 20 ans, à Newtown, dans le Connecticut au nord de New York. Mais quand tout le monde aura essuyé ses larmes, chaque Américain défendra avec force et vigueur la liberté de se protéger des autres citoyens. Et cette liberté passe par le droit de disposer d'une arme à feu ! C'est un droit auquel de nombreux Américains tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. 

            Ce qui arrive à l'Amérique aujourd'hui n'est rien d'autre que la conséquence de la construction d'une très vieille tradition, d'une très vieille culture. Pour bien la comprendre, il faut aller au-delà des lobbies des armes qui n'ont fait que tirer profit d'une volonté politique longtemps considérée comme le moteur de la construction d'une Amérique blanche et forte. Il faut remonter à la conquête des terres de cette partie du monde contre les Indiens, puis passer par la traite négrière et enfin par la ségrégation raciale pour en saisir les racines profondes. Oui, c'est dans la volonté de construire une nation blanche et puissante contre les Indiens puis contre les Noirs qu'est née la culture des armes. Avant que chaque Américain ne puisse jouir de ce droit, il était exclusivement réservé aux seuls Blancs. 

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            Il fallait chasser le sauvage indien, le tirer comme un bison ou le parquer dans des réserves afin de se faire de la place. Une fois ce travail réussi, il fallait prévenir les révoltes des esclaves noirs et se protéger de leurs petits larcins. N'oublions pas non plus la belle époque où on allait à la chasse au nègre après la messe du dimanche ! Pour accomplir tout cela, pour montrer la domination d'une race blanche et forte, sûre d'elle-même, le port d’une arme était évidemment nécessaire. D'où les belles publicités américaines dans lesquelles les armes à feu faisaient partie des cadeaux que l'on offrait à ses chers enfants non seulement pour leur faire plaisir mais encore pour leur apprendre à devenir des Américains forts sachant défendre leurs positions raciale et sociale. Tout un programme d'éducation ! 

            Malheureusement, l'être humain à la mémoire courte. Quel journal de notoriété nationale ou internationale oserait porter cette explication sur la place publique maintenant que posséder une arme n'est plus réservé aux seuls Blancs ? On se contente de poser des questions et d'étaler sa grande affliction mais on n'est pas capable de dire la vérité pour ne pas jeter la pierre au passé de toute une nation. Que les Américains se disent qu'ils meurent par les armes parce que leurs ancêtres les ont condamnés à vivre l'arme à la main. Si réellement ils en souffrent, qu'ils aient l'audace d'interdire sa vente au public. Quand des citadins achètent librement des armes, ce n'est point pour chasser le pigeon. 

° Les images sont extraites de l'excellent livre d'Annie Pastor, Les pubs que vous ne verrez plus jamais, édit. Hugo Desinge, sept. 2012. 

Raphaël ADJOBI

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Commentaires
S
Ce pays impressionne pas mal de personnes parce qu'il est celui de tous les excès. Et l'excessif crée forcément un sentiment de méfiance des uns envers les autres. <br /> <br /> <br /> <br /> Pour ma part, je dis tout simplement que si les Américains jugent juste que chaque citoyen possède une arme, ils doivent aussi estimer juste que de temps à autre les armes servent à quelque chose. Il faut savoir apprécier sa culture. S'il y a moins de tueries du type dont nous parlons en France ou ailleurs en Europe, c'est parce que nous n'avons pas d'arme pour exprimer nos crises de folie. C'est aussi simple que cela. S'il y en a, il y a des chances que l'on s'en serve !
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O
Mon cher St-Ralph,<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis toujours fasciné par ce pays. Tout ce qui s'y passe est répercuté à travers le monde avec une célérité incroyable.<br /> <br /> <br /> <br /> Les Américains donnent en même temps l'impression d'être les plus "modernes" au monde (progrès technologiques par exemple) et aussi l'impression d'être très rétrogrades, voire réacs. Leur obsession à ne pas vouloir toucher sa sacro-saint 2e amendement, garantissant à tout citoyen US le droit de détenir une arme est étrange et en même temps un bon cas d'étude sociologique et psychanalytique.<br /> <br /> <br /> <br /> Il date quand même du 15/12/1791!!!<br /> <br /> <br /> <br /> Bonnes fêtes de fin d'année.<br /> <br /> <br /> <br /> Obambé GAKOSSO
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