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Lectures, analyses et réflexions de Raphaël
12 novembre 2018

Nouvelle-Calédonie : les Kanaks n'ont pas peur de l'indépendance !

                                     Nouvelle-Calédonie :

       Les Kanaks n'ont pas peur de l'indépendance

Nouvelle-Calédonie 3

           Dans la consultation populaire de novembre 2018 en Nouvelle-Calédonie, l'affirmation claire et nette des Kanaks - populations autochtones - pour l'indépendance de leur territoire est très réjouissant pour le genre humain. En effet, il est courant de voir les défavorisés choisir de demeurer sous le joug de leur maître par peur de devenir encore plus pauvres s'ils le quittaient. Parce que les Kanaks n'ont pas peur de la pauvreté, parce qu'ils refusent de passer leur vie à demander une égalité de traitement et de considération qui ne viendra jamais, ils ont choisi l'indépendance ; pendant que les descendants de la coalition  des colons - Caldoches - et des métropolitains privilégiés ont évidemment choisi que rien ne change en Nouvelle-Calédonie.

            En effet, le résultat de ce référendum est  tout à fait logique. Presque toutes les populations venues d'Europe et occupant le versant occidental de l'île ont choisi que se maintienne le système politique et économique qui leur est tout à fait favorable : ainsi ils demeurent les propriétaires des terres et des commerces, et les Kanaks les prolétaires ; ils continueront à percevoir des salaires doublés ou triplés pour cause d'éloignement de la mère patrie et pourront continuer à narguer ceux qui ont tort d'être des autochtones ; les gendarmes et les militaires seront toujours très majoritairement blancs et toujours plus nombreux pour répondre aux révoltes qui pourraient naître du manque d'infrastructure éducative ouvrant sur un avenir meilleur. N'oublions pas que la France a le système éducatif le plus inégalitaire d'Europe. A système éducatif inégalitaire, citoyens inégaux ! C'est logique.

Nouvelle-Calédonie 4

            Représentant 40% de la population totale de l'île, les Kanaks ont voté à 43,60% pour l'indépendance. Ils se savaient largement minoritaires devant une population blanche qui gonfle sans cesse pour répondre au déséquilibre programmé par Paris depuis des décennies. Mais ils ont accepté ce référendum pour pouvoir affirmer leur attachement à l'indépendance. Par leur vote massif pour la liberté - vote qui dépasse leur représentation sur l'archipel - ils montrent que la fracture est bien réelle entre eux et ceux qui ont la chance d'avoir des oncles de Paris pour les aider à prospérer. Honte donc à tous ceux qui reprennent en chœur le credo de la méritocratie du président de la République avec la pleine assurance d'avoir une mère patrie prête à leur venir en aide contre ceux qui constituent pour eux un éternel danger.

            Ce référendum aurait dû être proposé aux seuls Kanaks. C'est à eux que la France aurait dû poser la question de savoir s'ils veulent être indépendants ou pas, c'est-à-dire Français ou pas. Cette question était tout à fait superflue pour les Blancs venus de France. Eux se savent Français et n'ont donc pas à se prononcer sur leur appartenance à la France. La question du référendum qui aurait dû être proposée aux Blancs vivant en Nouvelle-Calédonie aurait dû être celle-ci : "dans le cas ou les Kanaks, autochtones de l'île, choisiraient leur indépendance, seriez-vous d'accord pour rester avec eux, oui ou non ?" A défaut de deux consultations pour deux populations d'horizons diamétralement opposés, chacune a choisi son camp ou son point d'ancrage conformément à la formulation de la question du référendum. L'une la France, l'autre le Kanaki ou Nouvelle-Calédonie.         

            Bien logiquement, le président de la République a félicité la majorité blanche pour avoir choisi de rester dans le giron de la France. Qu'il sache cependant que ses félicitations ne nous feront jamais croire que cette majorité sortie des urnes est républicaine ! Non ! Elle est plutôt la confirmation d'une fracture réelle qui se vit quotidiennement. En effet, si les Kanaks tiennent à recouvrer leur liberté dans la pauvreté, c'est tout simplement parce qu'ils ont compris depuis l'arrivée des premiers bagnards que ceux-ci étaient pour Paris les instruments de la colonisation de leur île(1). Et c'est vrai : le colon est toujours favorisé par rapport au colonisé. C'est un principe immuable ! Et ce n'est que quand le nombre des colonisés devient insignifiant que les colons demandent leur indépendance à la métropole. En d'autres termes, la Nouvelle Calédonie sera indépendante quand il n'y aura presque plus de Kanaks sur cette île.

1- C'est en 1864 qu'une colonie pénitentiaire de 250 premiers bagnards est installée sur l'île (François Durpaire - Nos ancêtres ne sont pas Gaulois, Albin Michel, p. 149)

Raphaël ADJOBI           

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8 novembre 2018

L'Europe et l'immigration africaine : ouvrons les yeux sur l'origine du mal !

                   L'Europe et l'immigration africaine :

                ouvrons les yeux sur l'origine du mal !

            Il ne suffit pas de pointer du doigt la gestion des pays africains par des "dictateurs" pour comprendre la fuite des populations de ce continent vers l'Europe ; même si l'on souligne que ces gouvernants sont installés par les puissances européennes. D'ailleurs, avez-vous remarqué qu'aucun dirigeant européen n'a élevé la voix pour affirmer que les gouvernants africains sont responsables de la fuite de leurs ressortissants vers l'Europe ? Non, ils savent qu'ils ne peuvent pas pousser trop loin la mauvaise foi. Il convient donc de montrer clairement l'origine du mal pour comprendre cette attitude.   

Mine d'uranium en Afrique

            Disons d'emblée qu'au lieu d'attaquer le ventre des femmes comme le fait le président français, il est absolument nécessaire pour les pays européens de faire un état des lieux de leur présence en Afrique  : présence militaire et présence affairiste. Les dirigeants européens ne peuvent pas continuer à mentir à leurs populations en ne parlant que de politique à mettre en place pour juguler l'immigration ou pour savoir quelle catégorie d'immigrants doit être acceptée ou repoussée. La vraie question est : que se passe-t-il en Afrique ? En d'autres termes, quelle est la réalité du terrain qui pousse les populations les plus pauvres à fuir les pays africains ? Les Européens peuvent-ils agir sur cette réalité ?

            Pour aller plus loin, une remarque essentielle s'impose : en Europe on ne cesse de faire réciter à la jeunesse que "tout corps plongé dans un liquide subit, de la part de celui-ci, une poussée exercée du bas vers le haut et égale, en intensité, au poids du volume de liquide déplacé". Toutefois, cette vérité élémentaire n'est jamais associée à la vie ordinaire des nations. La jeunesse européenne étudie-t-elle les relations que leurs différents pays entretiennent avec l'Afrique ? Non ! Sait-elle ce que font les entreprises de leurs pays en Afrique ? Non ! Sait-elle à quoi servent les armes que fabriquent leurs pays et les armées qui stationnent un peu partout en Afrique ? Non ! Si le mot "géopolitique" est absent du vocabulaire du commun des Français, c'est parce que notre régime politique nous a rendu ignorants de la politique étrangère de notre pays. En effet, dans ce domaine précis, tous nos députés sont des incompétents parce que la politique étrangère de la France est le domaine réservé du président de la République. Les populations françaises n'ont donc aucune chance d'être informées de la source du mal de l'immigration africaine qui les frappe. Quel constat affligeant pour une république dite démocratique !    

            Alors il convient de dire à tous que les terres africaines sont un peu partout confisquées par les entreprises européennes - que protègent leurs armées - pour extraire des métaux précieux, faire des forages pour le pétrole, installer d'immenses plantations d'ananas, de bananiers, d'hévéa pour le caoutchouc nécessaire à la fabrication des pneumatiques ; des plantations qui accaparent les terres  pour toutes les sortes de produits nécessaires aux industries européennes ou à la consommation des populations. Ces entreprises retournent les terres, les rendent improductives ou  les  polluent tout simplement. Les rivières et les fleuves sont çà et là changés en dépotoir de produits industriels obligeant les populations à ne plus boire leur eau et à ne plus consommer les poissons qui hier étaient leur source de nourriture. C'est le cas du fleuve Bandama en Côte d'Ivoire. Ce fleuve a changé de couleur pour la simple raison que les industries européennes et chinoises qui fouillent la terre à la recherche de l'or déversent le cyanure nécessaire au travail de ce métal dans son cours. C'est aussi le cas en Guinée. Et c'est ce qui pourrait arriver en Guyane avec le projet français "la Montagne d'or" (France info *). Sur douze ans, quarante-sept mille tonnes de cyanure seront déversées dans les eaux et les terres de ce département français où la population n'est pas majoritairement blanche. L'aire d'exploitation sera une fosse large comme trente-deux fois le stade de France (BFMTV pour L'Express, 11/05/2018). Cet exemple vous donne une idée de l'immensité des terres arrachées par chaque entreprise aux populations africaines pour les besoins de l'Europe.

            Dans de nombreuses grandes villes africaines, comme Abidjan, les autorités détruisent les habitations des pauvres afin de confier les terrains aux entrepreneurs européens pour des projets immobiliers que les Africains n'ont pas les moyens d'occuper. On comprend aisément que ces projets sont destinés à accueillir les riches populations qui pourraient venir d'Europe. Mais le plus important pour les capitaux européens, c'est de réaliser des ouvrages ; en d'autres termes, le plus important pour eux est d'endetter les pays africains en réalisant des travaux dont ils n'ont aucune utilité dans l'immédiat. Comment l'Afrique paiera-t-elle ces dettes ? Bien simple : en cédant ses terres regorgeant de ressources minières à l'Europe ! Et que deviennent les populations qui cèdent leurs terres ?  A chacun de formuler une réponse.  

            En mettant tous ces petits soucis les uns à côté des autres, on arrive à ce théorème d'Archimède cité plus haut : le corps européen plongé dans le bain africain subit, de la part de celui-ci, une poussée exercée de l'Afrique vers l'Europe et égale en nombre d'immigrants, au poids de la population appauvrie et déplacée. Ce facteur-là, si l'Europe ne le retient pas dans la recherche des solutions pour arrêter l'immigration des populations africaines, elle pourra continuer longtemps à discourir. Ces immigrés économiques n'ont rien à perdre ! Donc ils n'ont pas peur de la mort. Il y a sur cette terre des milliers de jeunes Africains qui sont capables de vous crier à la face : "s'en fout la mort !"

            Deux solutions s'offrent aux Européens. Ceux qui n'ont pas de cœur et ont toujours bonne conscience de leurs actions de rejet violent de l'autre peuvent rejeter les immigrés à la mer.  Bien sûr, nous crierons tous au scandale, mais au bout de quelques jours nous aurons tout oublié. Ceux qui ne supportent pas de voir l'autre souffrir peuvent les accueillir puis les renvoyer chez eux. Mais pour que ce retour soit définitif, il faudra que cette dernière catégorie d'Européens accepte de remettre en question la belle vie qu'elle mène et qui n'est possible que grâce à l'expropriation et à l'appauvrissement bien organisés des populations africaines. Dans tous les cas, personne ne doit perdre de vue qu'entre 1850 et 1950, plusieurs millions d'Européens ont fui la misère de leur continent pour s'installer en Afrique, dans les Amériques, en Australie et sur d'autres îles de l'océan Indien. Cela non plus n'est pas enseigné aux jeunes générations qui, hier, croyaient - avant l'avènement de Mandela au pouvoir - que les Sud-Africains étaient blancs, et qui croient aujourd'hui que les Australiens et les populations des Amériques ont toujours été blanches. 

* France info   /  BFMTV pour L'Express

° Complément de lecture : William Morris

Raphaël ADJOBI 

3 novembre 2018

Kiffe ta race (Rokhaya Diallo et Grace Ly)

          kiffe ta race de Rokhaya Diallo et Grace Ly

Kiffe ta race

            Des entretiens qui nous permettent d'accéder à des paroles rafraîchissantes sur les minorités françaises ; voilà l'univers que nous proposent Rokhaya Diallo et Grace Ly. L'une Noire et l'autre Jaune ; elles sont schématisées dans leur quotidien et ont eu la belle idée de laisser exprimer les paroles et les sentiments des minorités dans une France où tout le monde est jugé à l'aune de la majorité blanche.

            Les entretiens que ces deux jeunes dames proposent sur leur site Kiffe ta race sont tout à fait éblouissants de vérités et de justesse dans les analyses. Ce qui suppose des choix judicieux quant à leurs invitées. Elles méritent d'être suivies avec attention. 

Raphaël ADJOBI

 

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